COEUR EN ISLANDE (LE)
Tome 2

Avec ce second tome, Pierre Makyo clôture en beauté les péripéties bien douloureuses et émouvantes de ce petit garçon au passé énigmatique prénommé Moïse. C’est sur les planches de l’Hirondelle ballottée par les déferlantes océanes que celui-ci va faire éclater au grand jour la terrible vérité sur les origines mystérieuses du garçon et sur l’acharnement délictueux dont il est l’objet. Mais auparavant, cette vérité va être précédée d’évènements tragiques dont les membres de l’équipage vont être les témoins.

Nous ne pouvons que saluer le gros travail fourni par Pierre Makyo qui a su nous imprégner de l’ambiance rude de ce huis clos marin. Au gré des écritures sur le journal de bord, l’auteur nous décrit en toute simplicité les conditions de vie difficiles de ces pêcheurs isolés et livrés à eux-mêmes face à un élément liquide intransigeant. Au moyen d’une narration éblouissante dont il a le secret, il nous surprend par les orientations de son récit à la fois terrifiantes et attrayantes. Bien sûr, Moïse reste le catalyseur de ces mésaventures, le point central d’un drame qui couve.

Le scénariste polyvalent ouvre son histoire aux sentiments les plus nobles et les plus vils, aux émotions les plus fortes aussi. Les inquiétantes épreuves de Moïse et le cynisme désarmant de Xas sont là pour le démontrer.

Malgré une erreur matérielle concernant la datation des récits (dans le tome 1, on est en 1890, Moïse a 13 ans / dans le tome 2, on est d’abord en 1905, puis au final en 1902, Moïse a 14 ans), on ne peut qu’être séduit par ce voyage aux embruns authentiques. A noter que l’édition originale de 1997 est accompagnée d’un dossier supplémentaire contenant 8 pages illustrées et commentées superbement.

Au point de vue graphique, il y a un net changement au niveau du coup de crayon. Le dessin est plus approximatif et perd de la netteté, malgré les beaux crayonnés que peut dévoiler le dossier complémentaire. Le lettrage est également moins régulier. Toutefois, on se familiarise vite avec cette nouvelle ambiance graphique qui reste cohérente avec celle du tome précédent.

"Le coeur en Islande" demeure un excellent ouvrage et prouve sans ambiguïté que Pierre Makyo est comme son père, un grand raconteur d’histoires.

Par Phibes, le 28 avril 2008