Come Prima

Alfred s’attaque ici au thème ultra classique du voyage entre frères qui se retrouvent pour retisser des liens depuis longtemps disparus. Tout y est, qu’il s’agisse des cendres du père dans l’urne, les souvenirs en commun, les trahisons, la copine dont ils sont tous les deux amoureux etc. Toutefois tout l’intérêt va justement résider dans le rapport entre les deux frères et leur façon de reconstruire leur propre histoire, d’en tirer des leçons, de faire table rase de la rancune, des préjugés…

Bien sur, quand l’album commence on devine déjà comment il va se terminer, tout est inscrit dans les premières scènes, le processus ensuite ne fait que dérouler l’évidence, tout en nous faisant découvrir progressivement les angoisses des uns et les secrets des autres. Néanmoins, Alfred fait preuve de subtilité dans le déroulement de son récit, il glisse des flash back, des petites visions qui peuvent à priori apparaitre des plus énigmatiques et qui ne prendront du relief qu’au fur et à mesure. De plus, il évite aussi de tomber dans le piège des personnages trop lisses, sympathiques. Fabio est limite détestable, et même s’il est celui qui a le plus de matière, qui reste le plus imprévisible, il est aussi celui qui a à la fois le plus à perdre et le plus à gagner. L’album va suivre le rythme de ses humeurs, de ses remises en question. Il est celui qu’on découvre le plus, mais paradoxalement il ne fait que suivre le récit, il est le côté le plus didactique de l’album, le moins surprenant

Alors Come Prima est un bel album qui s’apprécie bien plus par la personnalité d’Alfred, ce sens du graphisme, de l’épure, avec un petit côté expérimental vraiment très agréable qui transcende le propos, qui le pousse légèrement en dehors du stéréotype trop évident. Come Prima n’est pas juste le voyage de deux frères vers l’Italie, c’est une rencontre, un règlement de compte, c’est la conclusion d’une histoire et le début d’une autre, mais surtout c’est l’invitation à l’intimisme d’un artiste très inspiré, même si on peut le trouver ici un peu plus lisse que sur ses précédents albums !

Un superbe album d’un peu plus de 220 pages qui se dévore d’une traite ! Un régal !

Par FredGri, le 23 octobre 2013