COMMANDANT ACHAB
Né pour mourir

La cinquantaine bedonnante, Achab fait partie de ces flics au physique improbable, mélange étonnant de Columbo et du capitaine Nièmans (Les rivières pourpres). Il cache derrière ce physique fatigué et son handicap un esprit clair et acéré.
A ses cotés, un jeune flic, Karim dont la venue à la crim n’est pas due qu’au plaisir de rejoindre ce bastion des meilleurs flics de France. Entre les deux hommes il y a un cadavre, celui du père de Karim, autrefois abattu par Achab.
Entre remords et culpabilité, regrets et sentiment de trahison la relation de ces deux flics va se développer au beau milieu d’une affaire de mœurs, d’arnaque et de chantage.
Stephan Piatzszek construit une intrigue solide et parfaitement bien orchestrée. Bien malin qui pourra deviner le dénouement de ce polar moderne ou la personnalité des protagonistes est capitale et structure un récit vif, pimenté de répliques où l’humour (parfois cynique) apporte une touche de légèreté.
Le dessin de Stéphane Douay, clair et réaliste, soutient parfaitement le scénario. Il réussit à donner aux personnages une physionomie en adéquation totale avec leur caractère sans sombrer dans la caricature ou la reprise trop nette de figure d’acteurs connus.
L’expressivité de ses protagonistes, le choix des plans qui mettent en avant un visage, des yeux, une attitude, évite des descriptions superflues qui ne pourraient qu’alourdir le rythme du récit.
Le choix des couleurs d’Irène Häfliger, volontairement restreintes et sobres, accentue encore davantage l’homogénéité du récit et du dessin.
Après avoir travaillé ensemble sur l’excellent Cavales, les deux auteurs se retrouvent pour notre plus grand plaisir.

Par Olivier, le 14 juin 2010