Comment j'ai tué Kurt Cobain

 
Le roman de Boddah
propose l’enchaînement chronologique de morceaux choisis dans la biographie de Kurt Cobain, le leader du groupe Nirvana, en s’attardant surtout sur la relation amoureuse que l’artiste aura vécue avec Courtney Love et sur son addiction aux drogues. Biopic trash, donc, d’une icône adulée qui a préféré tirer sa révérence alors qu’il était au faîte de sa gloire.
 

Par sylvestre, le 25 octobre 2015

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Notre avis sur Comment j’ai tué Kurt Cobain

 
Ami prévenant ou sournoise moisissure interne évolutive ? Boddah est en réalité l’ami intérieur de Kurt Cobain : sa conscience, son grillon parlant, son garde fou ou son pousse-au-crime… Un complice ou un rabat-joie qui l’aura suivi de alpha à oméga. Au tout début de la lecture, le doute s’empare de nous : à qui attribuer cette voix off de celui ou celle qui aurait suivi sans arrêt et partout le leader du groupe Nirvana ? Y aurait-il quelqu’un que l’histoire n’a pas retenu ? Dont on ne se souviendrait pas ? L’ambiguïté est cultivée, car Boddah est carrément personnifié. Il parle, il agit. Il répond, il conseille. Il rend service… Il est dessiné, on le voit : c’est un gars qui a l’âge de Cobain. Un pote, quoi. Ce n’est que plus tard dans la BD, que le doute, s’il persistait, se dissipe.

Le roman de Boddah est une biographie dont on pourra dire qu’elle est incomplète car elle s’attarde surtout sur le côté obscur de la vie de Kurt Cobain dans ses années les plus en vue. Elle aborde surtout les relations qu’avait Kurt Cobain avec Courtney Love et avec… la drogue. Triangle amoureux et destructeur. Et c’est donc sous le prisme d’un amour complètement flippé et de tout ce qui est défonce et désintoxication que le récit se déroule. Mais de la musique, du talent, du travail, on n’apprendra rien. De tout ce qui est relations avec la musique, avec les instruments, avec les autres membres des groupes, avec le public, avec la presse ou avec les managers… rien, ou presque. Un gros "Fuck" lancé à certaines facettes de l’artiste ; à la faveur d’autres, choisies spécifiquement.

Les sujets retenus permettent néanmoins le spectaculaire ; et le dessin de Otero colle bien à tout ça : au bordel ambiant, aux situations déjantées et catastrophiques. Sexe, déprime, chutes et rechutes, insultes… Le trait du dessinateur nous envoie et nous englue dans tout ça, dans des traits qui surchargent et saturent les vignettes : nous aussi on se laisse dépasser, submerger. Comme Kurt Cobain qui tombe, qui tombe, qui tombe…

Cette bande dessinée est adaptée du roman portant le même titre qu’on doit à Héloïse Guay de Bellissen (auteur qui, à la date de cet avis, publie un autre livre sur d’autres dérangés, à savoir sur l’assassin de John Lennon et sur l’homme qui a tiré sur Ronald Reagan). Elle intéressera les fans de Nirvana et de Kurt Cobain. Who came as he was. Nevermind.
 

Par Sylvestre, le 25 octobre 2015

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