COMMUNAUTE (LA)
Première partie

Yann est étudiant. Il ne sait pas forcément quoi faire de sa vie mais refuse d’adhérer à la société actuelle. Il travaille quelques temps avec des amis à l’atelier de sérigraphie de son père mais ils cherchent à vivre à la campagne. Quelques années plus tard ils achètent une vieille minoterie qu’ils retapent et se lancent dans la vie en communauté. C’est le début de l’aventure…

Par Arneau, le 1 janvier 2001

Notre avis sur COMMUNAUTE (LA) #1 – Première partie

On ne compte plus les œuvres sorties cette année en hommage aux 30 ans de mai 68. Le monde de la BD n’a pas été épargné par cette overdose et, même si cet album part des évènements de 68, le sujet est tout autre. Les auteurs n’ont pas voulu traiter le phénomène de société ultra rebattu mais plutôt s’arrêter sur une réelle aventure humaine tentée, à l’époque, par quelques-uns.
La communauté fondée alors par Yann Benoît et ses amis était loin du cliché hippie « flower power » où drogue rimait souvent avec sexualité débridée. Ils avaient un vrai projet de société, et c’est ce qui interpelle et intéresse dans ce livre. Leur refus de la société de consommation et leur volonté de changer la société, à leur échelle, étaient leurs principales motivations. Ils avaient foi en leur rêve avec la volonté de fonctionner en autogestion et en autosuffisance ou presque (« les pâtes ne poussent pas dans les champs » dixit l’auteur !). Ils surmontèrent les difficultés (ruralité, travail de la terre, réfection de bâtiment…) sans rechigner, et le bien-être qu’ils en retiraient fait plaisir à voir.

Côté narration, l’album procure beaucoup de plaisir à lecture. Le tandem formé par l’auteur Hervé Tanquerelle et son beau-père est original et rigolard. Le duo réussi surtout à se dépêtrer de l’exercice périlleux de l’entretien avec un gros travail sur la narration. Ils ont cherché à la rendre ludique et la moins lourde possible. Le résultat est des plus dynamiques et on sent que l’auteur s’est amusé à mettre les deux narrateurs dans toutes sortes de situations au cœur du récit. Il a également varié les techniques de dessin avec brio, et l’ensemble est très vivant même s’il est parsemé de quelques longueurs difficilement évitables vu le format (178 pages). La confrontation des deux générations amène un véritable point de vue au récit. Le soixante-huitard porte un regard bienveillant et lucide à l’ensemble sans être nostalgique alors que le trentenaire, d’une génération habituée à l’individualisme, est plus circonspect et cynique.

On se laisse réellement porté par cette belle utopie dans cette première partie. Et même si on se doute que le deuxième opus montrera les limites d’un tel projet de vie, cette parenthèse est particulièrement réjouissante.

Par Arneau, le 24 mai 2008

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