Conversation avec Maurice Rosy

Quel incroyable voyage que cette lecture, cette rencontre avec un grand monsieur qui sut enrichir Dupuis de ses idées, de ses initiatives avant de se redéfinir complètement au croisement de ses 40 ans pour repartir à zéro.

Autant être honnête avec vous, ce livre je l’ai dévoré d’une traite, sans le lâcher d’une page, entièrement immergé dans ce témoignage qui m’a fasciné.
Maurice Rosy dépeint le portrait d’une industrie, dans les années 50 et 60, ou une génération d’auteurs émerge, dans les traces des grands noms que sont Jijé, Franquin, Morris. C’est un très intéressant complément aux différents livres qui parlent de Dupuis, d’autant qu’ici Rosy n’y va pas non plus avec le dos de la cuillère, avec une grande franchise sur la situation de Dupuis à cette époque, cette frilosité qui ne lui permet pas de créer des albums de grande qualité, qui le musèle dans sa créativité, mais qui donne aussi la température du moment. On y croise du beau monde, on comprend comment le statut d’auteur quasi inexistant a pu pousser toute une nouvelle génération à lancer d’une part Pilote, mais aussi à vouloir que leur diverses professions soient davantage reconnues.

Mais ce qui est aussi très intéressant c’est quand le propos devient plus personnel, quand Rosy décide de tout quitter pour se lancer pour de bon dans l’illustration, revenant ainsi à ses premiers amours, expérimentant à tout va, découvrant le travail à la commande, l’envers du décor. On voit se dérouler devant nous plusieurs exemples de commande, c’est incroyable de richesse, de simplicité !

Ce livre revient donc sur la vie de cet artiste finalement assez discret, qui a malgré tout eu une carrière remarquable. Ses réponses sont toujours très avisées, sans concession sur un milieu qu’il connut très bien. Et dans cette période de doutes, sur ces remises en question du métier d’artiste, sur ce qu’il faut accepter, c’est intéressant de lire ce témoignage, je dirais même que c’est important !

Le format poche peut surprendre, néanmoins, je trouve que c’est au contraire un point très positif pour la lecture. On se laisse facilement emporter, il se créé rapidement une sorte de complicité intimiste avec Maurice Rosy !

Indispensable !

Par FredGri, le 30 avril 2014