Couleurs tolérables

On se souvient de Jactance pour sa participation avec Crisse dessinateur à l’ouvrage intitulé Les secrétaires. On se souvient donc du plaisir qu’elle avait montré à manier les mots tout en restant cantonnée dans le thème qu’imposait le titre. Avec Couleurs tolérables, elle semble avoir eu cette fois carte un peu plus blanche et s’autorise des embardées sur plusieurs terrains bien différents dont le spectre court du gentillet à l’humoristique et du sordide au mystérieux…

On y retrouve donc son style alliant à la fois un modernisme dicté par les situations (et se reflétant dans les illustrations de Robi Pena qui signe là son premier ouvrage) et une préciosité dans le choix du vocabulaire et dans les tournures de phrases.

Couleurs tolérables est un livre comme-qui-dirait inclassable, un livre étrange en cela qu’on se demanderait presque qui va bien pouvoir chercher à le trouver. C’est le style de réalisation dont on ne doute pas que les auteurs se soient plu à la faire, mais dont on a du mal à s’imaginer qu’il saura toucher beaucoup de monde… De là à le comparer aux plus insondables des titres de Gabriel Delmas, non, car on est quand même dans un registre beaucoup plus fun et autrement expérimental… Mais il n’empêche qu’il en déroutera plus d’un par son contenu et saura peut-être séduire avec certains textes sans forcément faire mouche avec d’autres. Et si le risque est que sur seize histoires une moitié seulement laisse un bon souvenir, difficile de convaincre que cette lecture peut combler de bout en bout.

A lire, donc, avant d’acheter. On aime… ou pas.
 

Par Sylvestre, le 9 mai 2010