CRIME SUSPENSTORIES
Volume 1

Les EC Comics, c’est un éditeur qui publia aux débuts des années 50 des titres anthologiques pour adultes traitant de science fiction, d’horreur, d’aviation, de polar, de guerre… Ils sont connus pour avoir provoqué, par le côté immoral de leurs histoires, la colère des comités de censure qui instaurèrent ensuite le fameux "Comics Code", forçant les EC Comics à s’arrêter (à l’exception de leur magazine parodique MAD) !

Mais cette histoire nous fait un peu trop vite oublier l’incroyable imagination dont faisaient preuve les auteurs travaillant pour les EC Comics. Dans tout leurs titres, les codes sont malmenés, poussés jusqu’à leur dernière limite, mais surtout c’était le moyen d’explorer toutes les thématiques possibles inhérentes aux genres explorés.

Et c’est certainement là que se trouve toute la virtuosité de cet éditeur. Il confiait ses publications à des auteurs qui avaient la possibilité d’aller ou ils voulaient, de raconter tout ce qui leur passait par la tête, sans restriction. Et même s’il allait ensuite en payer le prix fort, EC Comics permit ainsi à toute une pléiade de jeunes auteurs d’entrer dans la légende. Nombreux sont ceux qui devinrent des références, qui marquèrent l’histoire de la BD de leur coups de pinceau !

Dans ce premier volume, qui reprend chronologiquement les sept premiers volumes de Crime Suspenstories (sur 27), le lecteur peut lire 28 histoires qui mettent en scène tout ce que le genre peut proposer comme situation. On ne peut éviter les intrigues qui se ressemblent un peu, néanmoins c’est passionnant à lire, car, justement, on est dans l’essence même du genre, avec chaque fois un sens du suspense, une tension qui monte progressivement et un cliffhanger de fin qui fonctionne toujours merveilleusement.
Du grand art !
Et tout y est, que ce soit le fils qui tue pour venger son père qui s’est fait agresser, que ce soit la belle qui a peur qu’on l’assassine, le prisonnier évadé, l’homme qui lutte pour ne pas être brulé etc. Le tout avec une franche tendance à l’immoralité. Car rien ne se passe comme il faudrait, il y a toujours un grain de sel qui vient fausser le jeu, qui instaure une ambiance insoutenable, qui vient balancer le récit vers une fin sans pitié !

Cela fonctionne incroyablement.
Aucunes de ces histoires n’a vieilli, on a l’impression de retrouver des épisodes de Alfred Hitckock Presents, ou encore de Twilight Zone… Et, bien sur, les artistes y sont pour beaucoup, avec un grand coup de chapeau pour Johnny Craig et Jack Kamen qui m’ont vraiment épaté dans ce premier volume ! Wallace Wod n’en est encore qu’à ses débuts, il n’a pas la maestria qu’il aura plus tard dans les Weird Science, par exemple, mais qu’importe, c’est un régal.

Un excellent album en noir et blanc qui demeure une très bonne initiative de Akileos. Ce dernier est en train de constituer une collection EC Archive qui promet encore de très belles planches à nous mettre sous les yeux !
Vivement la suite !

Par FredGri, le 13 avril 2012