Crimechien
Laura, une amichienne au pedigree incertain, a disparu : elle n’a pas pointé de la semaine et ne s’est pas présentée à la séance de relaxothérapie caudale à laquelle le syndichien l’avait inscrite. Il faut alors se rendre à l’évidence : un crimechien a été commis, assorti de sévices prolongés, incluant le non-lancer de balle et le refus de promenade. Une enquête de routine commence mais rien ne se déroule comme l’avait prévu notre héros… Le détective est embarqué dans un traquenard foireux et se retrouve projeté du côté obscur. Au beau milieu d’un complot politique qui mettra le pays à feu et à sang, il se lance dans une course contre la montre… Pour sauver sa propre peau plutôt qu’un monde au bord du gouffre.
Par Placido, le 9 septembre 2014
Notre avis sur Crimechien
La lecture de Crimechien donne l’impression de vivre un songe. Beaucoup d’éléments, aussi bien visuels que narratifs rappellent le rêve, avec ses absurdités, ses approximations, ses beautés et ses frayeurs. Pourtant, tant qu’on est plongé dedans, tout semble parfaitement logique et sensé. Le crimechien, l’enquête qui s’ensuit par le héros (un genre de détective privé se croyant lucide, mais qui est en fait complètement passionné), le traquenard dans lequel il tombe, les personnages qui le suivent et le poursuivent. Chaque page, ne comportant pourtant qu’une seule illustration (on est ici à la frontière entre bande-dessinée et livre illustré) est source de péripéties, de rebondissements et de questionnements. Et on rentre dedans très rapidement. En ce sens, le texte est éblouissant, car non seulement il est parfaitement jouissif de par ses jeux de mots, ses constructions de phrases étonnantes et son ton vif et subtil (il faut parfois relire le texte une seconde fois, non pas pour bien comprendre ce qu’il est écrit, mais pour s’assurer de n’avoir perdu aucune miette du contenu), mais il a également un rôle immersif (dans l’histoire) très réussi, de par son vocabulaire original très présent, qui nous plonge brutalement dans cet universchien.
Visuellement, la BD est incroyable. Avec une économie de couleur, seulement trois (en couleur directe, stp) et de par son graphisme tout à fait atypique, Blexbolex démontre à nouveau qu’il est un grand artiste. Chaque dessin nécessite de s’y arrêter, d’observer les formes, les jeux de couleurs et les ombres. L’aspect chargé et bouillonnant rappelle bien sûr le rêve. C’est frappant d’ingéniosité. Il y a aussi toute une recherche esthétique sur la présentation : seule la page de droite est dessinée, celle de gauche reste vierge. Jusqu’au final où tout s’élargit et nous gifle le visage.
Le reproche que j’ai pu immédiatement faire, c’est l’histoire, que j’ai trouvé trop courte. Tout se déroule à grande vitesse et la conclusion est forcément abrupte, comme lorsqu’on se réveille en sursaut, tout transpirant. Mais c’est finalement ce que l’on recherche, voire même ce que l’on attend de cette BD, et les amateurs de scénarios structurés et complexes passeront leur chemin. Pour apprécier ce polar onirique, il suffit d’être un amoureux de l’absurde et de l’audace.
Par Placido, le 9 septembre 2014
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