D'après l'œuvre d'Albert Camus

En Algérie Française des années 30, Meursault vient de perdre sa mère et, à ce titre, vient à l’asile pour vieillards de Marengo où elle résidait depuis 3 ans pour procéder à son inhumation. Après avoir réglé les formalités et veillé le corps en présence du concierge et des amis à la défunte, il accompagne le lendemain le cercueil jusqu’au cimetière sous un soleil de plomb incommodant. A l’issue de la cérémonie, Meursault rentre à Alger où il rencontre Marie Cardona avec laquelle il se baigne et part au cinéma voir un film burlesque. Le jour suivant, après avoir flâné au lit et à la fenêtre de son appartement, il reprend son travail normalement. Il se lie d’amitié avec son voisin de palier Raymond, un souteneur un tantinet violent qui a eu une altercation avec sa maîtresse qu’il voudrait punir. Meursault l’aide dans son stratagème…

Par phibes, le 17 avril 2013

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Notre avis sur D’après l’œuvre d’Albert Camus

Pour la deuxième fois, Jacques Ferrandez revient sous le couvert de la collection Fétiche de la maison Gallimard dans un exercice qui lui réussit bien, celui de l’adaptation. Après L’Hôte, il poursuit son introspection dans l’œuvre d’Albert Camus (romancier dont l’univers ne lui est certainement pas inconnu puisque sa famille et lui-même ont vécu dans les mêmes lieux à Alger) avec la mise en images du fameux roman à succès intitulé L’étranger.

L’on reconnaîtra que Jacques Ferrandez réussit pleinement son adaptation grâce, tout d’abord, à un jeu de construction et de découpage qui reste fidèle au roman d’origine. A cet égard, il ne manquera pas de conserver la vision purement intimiste de la narration judicieusement épurée, non introduisant dans le caractère déstabilisant, taiseux et taciturne du personnage principal appelé à subir une existence sans éclat et à la finalité dramatique. L’évocation qu’il en résulte dresse un malaise certain, bien entretenu par des dialogues volontairement chiches, très explicites de la psychologie décalée de Meursault, installé dans un rôle qui le rend étranger à son entourage et qui va bientôt l’amener à subir l’horreur de la condamnation à mort.

Se déclinant en deux parties qui se veulent totalement différentes (l’une se référant au grand air éclairé d’Alger, l’autre à la moiteur et l’exiguïté étouffante du prétoire et de la prison), le récit se suit dans une linéarité exemplaire. Jacques Ferrandez gère subtilement le scénario dans une forme qui dénote une inspiration sans faille et qui décrit avec subtilité certaines dérives, morales et judiciaires.

Par ailleurs, l’investissement de l’artiste passe irrémédiablement par le remarquable travail graphique. On ne pourra qu’être subjugué par la richesse de ses nombreuses aquarelles que l’artiste nous sert à chaque double page. Tantôt avec encrage, tantôt sans, ses dessins hautement colorisés se révèlent dans une qualité, une réalité souvent éblouissante, restituant des décors d’Alger et ses environs des années 30 écrasés de chaleur et de lumière. On pourra de même être attirer par ses personnages à la psychologie bien trempée (en particulier Meursault) et qui ne manqueront pas de nous intriguer par leur façon d’agir parfois absurde.

Une version illustrée du succès littéraire d’Albert Camus des plus réussies qui confirme haut la main le talent de Jacques Ferrandez et qui commémore sans coup férir le centenaire de la naissance du romancier. A noter que cette œuvre fait l’objet d’une exposition jusqu’au 27 avril prochain à la Cité du Livre à Aix en Provence.

Par Phibes, le 17 avril 2013

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