Daredevil : Born Again - Edition Prestige
(Daredevil 227 à 233)
Matt Murdock est un avocat exceptionnel qui mène une vie confortable, avec un très bel appartement, des amis et un compte en banque bien garni. Mais dès qu’il enfile son costume orange, il se transforme en Daredevil, le super-héros aveugle qui arpente les toits de New York, au secours de la veuve et de l’orphelin. Parmi ses ennemis, il y a le redoutable Caïd, le chef de la mafia qui veut se venger de cet encombrant héros qui entrave constamment ses activités illégales.
Karen Page est l’ancienne secrétaire de Matt, un vieil amour aussi. Au fil des ans, elle a sombré dans la drogue, les films porno, l’alcool et, au bout du rouleau, après un dernier shoot, elle finit par dévoiler la véritable identité de Daredevil. L’information parvient jusqu’au Caïd… L’enfer ne fait que commencer pour Matt…
Par fredgri, le 14 mars 2025
-
Scénariste :
-
dessinateur :
-
Coloriste :
-
Éditeur :
-
-
Sortie :
-
ISBN :
9791039136778
Publicité
Notre avis sur Daredevil : Born Again – Edition Prestige
Alors que vient de débuter la nouvelle série TV consacrée à Daredevil, justement intitulée Born Again, Panini saisit l’occasion de rééditer ce prestigieux arc en 7 parties, qui a consacré le duo Frank Miller/David Mazzucchelli dans les années 80 et permis au personnage de retrouver une nouvelle dynamique entamée par le run de Miller.
Mazzucchelli est alors le dessinateur régulier de la série, son style s’est de plus en plus affirmé, il assume lui-même son encrage qui se fait plus nerveux. Il lui manque peut-être encore cette petite touche narrative qui le fera complètement décoller et qui le mènera ensuite sur les incroyables Batman Year One. Avec Miller il trouve à la fois cette énergie graphique qui le pousse à épurer son trait, mais aussi cette intégrité d'artiste qui va l'amener progressivement à se lancer dans une carrière plus underground, plus indépendante, loin de la gloire que les Big Two (Marvel et DC) lui promettaient alors.
À travers ces planches (et le cahier graphique en fin de volume), on se rend bien compte que son dessin très réaliste gagne aussi en dynamisme, aidé par le storytelling de Miller qui exploite à fond tout le potentiel de l’artiste. On reconnait d’ailleurs des influences qui renvoient au grand Gene Colan ! Le dessin ne se charge pas de mille et un détails, c'est efficace, suffisamment fourni, mais surtout, c'est très contrasté. Au fil des planches, Mazzucchelli reprend le contrôle de ses mises en pages (le début est orchestré très étroitement par Miller), signant ainsi le véritable début du virtuose.
Au scénario, Miller se lance dans une intrigue très sombre qui présente un personnage qui traverse un véritable burn out. Il perd son boulot, sa petite amie, sa maison et se demande s’il va pouvoir se reconstruire, mais au fond de lui, il reste le même homme intègre et absolutiste ! Miller se rapproche déjà de son écriture de Sin-city dans la forme, avec un gros travail sur les textes plus littéraires. Dans les pas hésitants de ce Matt Murdock complètement détruit, on peut déjà discerner tous ces héros piétinés qui vont rapidement faire leur apparition dans l'univers des comics.
"Born Again", C’est donc surtout une histoire de renaissance, de reprise en main. Miller se débarrasse de tout un tas de trucs inutiles dans lesquels le personnage finissait par s'enliser, il lui montre de nouveaux objectifs, un rôle plus impliqué dans sa ville, avec les gens qu'il croise et qui l'aiment. Le parcours de Karen Page est aussi des plus significatifs : au fond du gouffre, elle décide de retrouver Matt coûte que coûte, il est le seul à pouvoir l'aider. Alors que Matt sombre, que Karen tente de revenir, on découvre aussi la vie plus insouciante de Foggy qui finit par s’éloigner de son ami, dont la vie finit par réellement le déranger dans sa propre histoire d'amour en devenir.
À la fin des années 80, Miller est, avec Alan Moore, l'un des artistes qui font bouger les choses, qui amènent un réalisme très dur, où les héros se heurtent à plus fort qu'eux, où ils s'écrasent, ou ils ne sont que le reflet d'une réalité parfois très violente. Leur statut de héros est aussi remis en cause ! Que signifient-ils dorénavant dans notre société, quel miroir nous présentent-ils ?
Et même si j'ai tendance à préférer Batman Year One, j'avoue que ce Daredevil Born Again m'impressionne toujours autant par sa maestria. Du très grand comics qui ne parle pourtant presque jamais de super-héros.
Extrêmement recommandé, c'est toujours une très belle occasion de retrouver le duo Miller/Mazzucchelli alors au sommet de son style dans une des histoires modernes qui restent iconiques.
Par FredGri, le 14 mars 2025