Daredevil par Frank Miller
Cet omnibus de Daredevil rassemble les titres suivants :
QUAND UN AVEUGLE GUIDE UN AVEUGLE !
TU N’ES QUE POUSSIERE !
The Blind Leading the Blind / Ashes to Ashes
Spectacular Spider-Man (vol. 1) 27 et 28
février et mars 1979
TERRE MAUDITE
Badlands
Daredevil (vol. 1) 219
juin 1985
RENNAISSANCE
Born Again
Daredevil (vol. 1) 226 à 233
janvier à août 1986
GUERRRE ET AMOUR
Love and War
Daredevil: Love and War Graphic Novel
1986
L’HOMME SANS PEUR
The Man Without Fear
Daredevil: The Man Without Fear 1 à 5
octobre 1993 à février 1994
Par melville, le 27 juin 2010
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Scénariste :
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Coloriste :
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Éditeur :
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Sortie :
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ISBN :
9782809408737
Notre avis sur Daredevil par Frank Miller
Je ne suis pas un grand lecteur de comics que ce soit de « super-slips » (les amateurs me pardonneront j’espère cette petite touche de gentille taquinerie) ou bien de bande dessinée indépendante nord-américaine. Mais j’aime bien de temps en temps me plonger dans cet autre univers, car bien qu’il partage de nombreux points communs avec la bande dessinée que l’on pourrait qualifier au sens large d’européenne, il n’en possède pas moins ses propres codes, notamment culturels. Et puis on a tous éprouvé plus ou moins un jour une certaine fascination pour ces types en collants qui combattent les méchants. Pour ma part j’ai toujours eu de l’estime pour Batman et Daredevil. C’est donc assez naturellement que je me suis laissé tenter par cet imposant volume d’un peu plus de 550 pages regroupant les œuvres du célèbre Frank Miller comme dessinateur et scénariste des histoires du Diable rouge.
Quand un aveugle guide un aveugle ! et Tu n’es que poussière !
Tirés des aventures de Spiderman où Daredevil épaule l’Homme araignée en difficulté, ces deux chapitres forment une histoire complète sans grand intérêt. Le scénario plutôt superficiel de Bill Mantlo se laisse lire mais sans plus. Leur présence dans cet omnibus se justifie par le fait qu’ils soient dessinés par Frank Miller. On peut apprécier le travail des débuts de Miller comme dessinateur, son sens du rythme notamment.
Terre Maudite
Cette fois-ci c’est Miller qui scénarise et déjà on ressent bien les intentions de l’auteur de rompre avec le manichéisme des comics de super-héros, d’offrir au lecteur une approche plus complexe, moins lisse des justiciers masqués que les bons d’un côté et les méchants de l’autre. L’ambiance qui règne dans cette courte histoire est lourde, pesante, malsaine même… C’est l’histoire d’une vengeance, on pense à l’excellent L’homme des hautes pleines de Clint Eastwood. Une très bonne surprise.
Renaissance
Vient ensuite la saga Born-Again, Frank Miller écrit l’histoire, David Mazzuchelli la dessine : un grand moment de lecture. Le duo de choc Miller-Mazzuchelli nous offre là peut-être l’une des meilleurs histoires de Daredevil. Ce qui séduit c’est avant tout le ton du récit, sombre, noir. Avec cette saga en 7 chapitres un nouveau Daredevil voit le jour, un héros tourmenté, rugueux. Il existe désormais un homme derrière le masque, un homme qui souffre, qui à des doutes. La trouvaille géniale de Miller est de ne pas faire de cet récit un affrontement de super pouvoirs, Miller s’attarde sur la psychologie de ces personnages, sur le fondement même de leur condition. Ici pas de « super-méchants », le « mal » est incarné par un simple humain, le Caïd. Mais il ne faut pas se fier aux apparences car cet homme renferme une cruauté sans borne et se nourrit de vice, il va briser aussi bien Matt Murdock que son alter-égo Daredevil. Sa condition d’humain ne possédant pas super pouvoirs le rend encore plus terrifiant, il en devient l’incarnation du démon. Frank Miller s’interroge sur les super-héros, sur leur but, sur le sens qu’ils donnent à leurs actes. Cette réflexion étant approfondie avec l’arrivée à la toute fin de Captain America. Magistral ! Le récit est mené d’une main de maître et constamment bercé par une voix off au ton incisif, un vrai régal. Côté dessin, le trait de David Mazzuchelli est sûr et abouti, du très beau travail.
Guerre et Amour
Histoire de Daredevil hors normes, on y retrouve le Caïd mais dans un tout autre registre : celui de l’amour, ou tout du moins de se qu’il croit être de l’amour et que j’assimilerais plus volontiers à de la possessivité… Il est également question de l’amour que porte un homme de main du Caïd, junkie et schizophrène, pour sa victime. Frank Miller explore donc dans ce roman graphique une autre facette de la réflexion qu’il porte sur l’univers de Daredevil : la place des sentiments, de l’Amour au sein de la guerre que le Diable rouge mène contre le syndicat du crime. Superbe. Cette histoire ce démarque également par le travail graphique impressionnant de Bill Scienkiewicz. Il nous offre des illustrations en couleur directe de toute beauté, à elles seules elles instaurent une atmosphère hors du temps qui rend le récit de Miller crédible en lui offrant l’aisance dont il avait besoin. Un vrai travail d’artiste.
L’homme sans peur
Avec cette histoire en 5 chapitres, Frank Miller revient sur les origines de Daredevil, sur la naissance du héros qui par la suite devient une légende, un mythe, celui que l’on surnomme l’Homme sans peur, le Diable rouge, Daredevil. L’intrigue se concentre donc sur Matt Murdock, sur son enfance et les évènements qui expliqueront plus tard sa métamorphose en justicier masqué. On y découvre également les premiers pas du Caïd et comment il est passé d’un simple homme de main à un des chefs de la pègre les plus craint de l’histoire de la mafia. Miller, en pleine forme, nous offre un récit comme il les aime, il explore la condition du super-héros en le confrontant à des choix, jusqu’où est-il prêt à aller pour faire respecter ce en quoi il croit… La brève apparition d’Elektra est à ce propos plutôt finement jouer de la par de l’auteur. Le procéder narratif consistant à mêler dialogues acérés et narration off incisive est toujours de mise et parfaitement maîtrisé par un homme à présent devenu expert en la matière. Au dessin, John Romita Jr nous offre de très belles planches et un cadrage dynamique et fluide : du beau travail.
A noter que cet omnibus compte également un dossier de bonus dont un carnet de croquis de David Mazzuchelli permettant d’apprécier pleinement tout son travail, ainsi que des couvertures originales, etc…
Pour conclure j’aimerais revenir un instant sur le travail de Frank Miller. Si son talent est indéniable et aujourd’hui plus à démontrer, j’émettrais toutefois un petit bémol dans le sens où je lui trouve une tendance à ce répéter. D’une histoire à l’autre (et c’est ici assez flagrant), Miller réutilise les mêmes procédés narratifs, il les maîtrise certes à la perfection mais ne cherche pas vraiment à ce renouveler aussi bien dans le fond que dans la forme. Une forme justement à laquelle on pourrait également reprocher de na pas faire toujours dans la finesse… Mais bon – et c’est là peut-être que réside finalement le génie de Miller – on prend à chaque fois autant de plaisir à lire ce qu’il écrit.
Pour finir je ne dirais pas que cet omnibus est un indispensable au vu de son prix outrageusement excessif (mais bon ce n’est pas l’heure pour revenir sur la politique éditoriale laissant à désirer de Panini), mais simplement que si l’occasion de le lire s’offre à vous, surtout ne la manquer pas ! Ces histoires sont cultes et aujourd’hui introuvables…
Par melville, le 27 juin 2010