David Boring

Etats-Unis, 1998. David Boring est un jeune homme de vingt ans. Il vit en colocation avec sa seule amie (lesbienne) et travaille comme veilleur de nuit. Le temps que lui laisse son job, David ne l’utilise pas vraiment, dominé par l’ennui il n’a que pour occupation d’enchaîner les conquêtes féminines sans lendemain. Mais la vie bien rangée et monotone de David Boring va basculer quand il rencontre son idéal féminin et que peu de temps après un inconnu attente à sa vie…

Par melville, le 15 août 2011

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Notre avis sur David Boring

Le fond du propos de David Boring n’est en soi pas original, Daniel Clowes traite de la mélancolie d’un jeune homme qui termine son adolescence sans pour autant vouloir entrer dans le monde des adultes. Dominé par l’ennui et la lassitude et pris dans une société qui l’est tout autant, il erre sans autre but que celui de concrétiser ses fantasmes pervertis. David Boring cherche la femme parfaite dont il définit avec une minutie inquiétante les canons esthétiques. Mais comme le dit l’un des personnages : « Rappelle-toi de ce qu’on dit : toutes les histoires ont déjà été racontées, alors si tu dois en raconter une, raconte-la bien ! ». Clin d’œil malicieux et autocongratulatif (en tous cas on aime à le penser) Daniel Clowes construit un roman graphique d’apprentissage en trois actes où se succèdent tour à tour chronique du désenchantement amoureux, polar cinglant à la façon Dix petits nègres (Agatha Christie) et thriller psychologique. Une fois de plus l’auteur excelle à questionner le schéma narratif tout en nous offrant une histoire captivante.

Daniel Clowes fait parler son héros (en tout cas son personnage principal, qualifier David Boring de héros peut s’avérer en un sens discutable) en voix off tout au long du récit. David commente presque chacune des scènes de cette « pièce de théâtre ». Car il y a en effet quelque chose de théâtrale dans la composition du récit, dans ce sentiment de fatalité implacable qui s’abat sur les personnages. A la manière d’un tragédiste moderne, Daniel Clowes agence un labyrinthe psychique et passionnel dans lequel vont se perdrent les protagonistes de l’histoire. Et comme pour faire contrepoids et rendre son récit moins « froid », il se sert habilement de la voix off de David pour invoquer l’introspection et l’intimiste. Car plus que témoin, le lecteur devient acteur de l’histoire, directement interpellé et pris à parti. L’auteur glisse également une mise en abîme de l’histoire qu’il raconte, elle-même reflet des pensées de David dans les pages de la « Griffe Jaune » (le comic-book réalisé par son père). Superbe d’ingéniosité et de malice. Le dessin de Daniel Clowes est entièrement dévoué au processus narratif. L’auteur opte pour une ligne claire sobre aux teintes de gris ; net, précis, son dessin cible l’essentiel.

David Boring est incontournable pour qui souhaite creuser un temps soit peu le riche univers de la bande dessinée indépendante. Un must à posséder d’urgence (assurément)…

Par melville, le 15 août 2011

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