David, les femmes et la Mort
Quand David a appris par son médecin et ami qu’il avait un cancer du larynx et qu’il allait devoir subir chimiothérapie et radiothérapie, il n’en atout d’abord rien dit autour de lui. Probablement par peur d’alarmer, ou pour ne pas voir son entourage subitement ébranlé.
David est le père de Miriam, qui vient d’avoir une petite fille. Il est aussi le père de la jeune Taram, qu’il a eue avec sa deuxième femme. Sa santé déclinant, il n’a un jour plus pu cacher son secret et ses proches ont appris la nouvelle, les unes après les autres.
Sans rien changer à sa manière d’être, David a cependant voulu vivre pleinement les petits bonheurs que le quotidien allait continuer de lui offrir auprès de celles qui l’entouraient et qu’il aimait. Jusqu’au bout, à mesure que le cancer lui réduisait ses forces et l’éloignait des siens…
Par sylvestre, le 20 janvier 2012
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Scénariste :
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dessinateur :
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Éditeur :
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Sortie :
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ISBN :
9782803630240
Notre avis sur David, les femmes et la Mort
David, les femmes et la Mort… Ce titre souffle d’entrée le chaud et le froid. S’il avait été amputé des mots "la Mort", on aurait pu s’attendre à toute autre chose, mais la mort est bien là, au bout, et on comprend qu’il faudra compter avec elle…
Plusieurs personnages sont évoqués dans ce titre-générique. Ils s’avèreront être quasiment les seuls qu’on verra apparaître lors du récit, les femmes étant "celles" de David : son épouse, ses filles, et sa petite fille. Elles sont d’ailleurs peut-être plus que lui au centre du récit, même si, pauvre de lui, c’est quand même lui le héros qui se meurt et que l’on accompagne !
Si ces femmes ont cette importance à nos yeux de lecteurs, c’est probablement parce qu’il est plus aisé de s’identifier à elles qu’à David. (Et pour cause !) Comme elles, on est spectateur des derniers jours de David. On vit leur calvaire avec elles plus qu’on se sent être le malade.
Que feront-elles, ces femmes, une fois que David ne sera plus là, lui qui est l’époux, le père, le grand-père ?! Elles se le demandent, bien naturellement. Et le vivent chacune à sa façon, de manière plus ou moins brutale, plus ou moins distante.
David, qui n’a jamais été très loquace, a tu sa maladie jusqu’à ce qu’il ait été obligé de l’annoncer. Et d’un seul coup, David doit profiter du temps qu’il lui reste et tâcher de laisser de bons souvenirs, de dire à celles qu’il aime qu’il les aime. Il donne du temps à sa fille, il souhaite ne pas causer de soucis… Trop peu de temps à vivre (et dans des conditions difficiles) pour énormément de choses à dire. De plus, David diminué finit par perdre sa voix. Handicap qui s’ajoute aux problèmes qu’il a déjà ! Il se retrouve donc à devoir écrire au moment où la mort se rapproche de plus en plus et où tout le monde la voit venir. Au moment sans doute où il aurait eu envie de dire des tas de choses, enfin, encore et encore. C’est terrible ! Il écrit, et pour ceux à qui ses petits mots sont destinés, c’est à la fois le bonheur de communiquer encore, mais aussi la matérialisation de ces derniers échanges que ses femmes garderont et avec lesquels elles vivront dans la tristesse…
C’est très touchant. On réussit à se sentir concerné par cette séparation trop rapide. C’est la vie quotidienne avec le malheur qui peut frapper n’importe qui, n’importe quand…
Ce roman graphique de plus de 250 pages a été réalisé par Judith Vanistendael entièrement à l’aquarelle. Les couleurs y sont soit douces, soit brutales, selon que la narration est à la poésie ou à la fatalité. S’étant appuyée sur son expérience personnelle ainsi que sur des témoignages de proches, l’auteure a su trouver les tons justes pour nous interpeller sans nous choquer. Car aussi malheureux et douloureux que puisse être l’accompagnement d’un malade, c’est juste la vie… Si le malade peut se sentir entouré et aimé jusqu’au bout, c’est sans doute avec une certaine sérénité qu’on peut l’imaginer partir…
Dur et doux à la fois. Apeurant et apaisant. Une BD qui suggère à tout un chacun de dire tant qu’il est temps à ceux qu’on aime… qu’on les aime !
Par Sylvestre, le 20 janvier 2012