De Félix à Blacksad, un siècle d'espiéglerie féline dans le petit monde du 9 art

Quelle belle initiative que celle de Julien Derouet de mettre sous le feu des projecteurs un animal domestique qui, aujourd’hui, accompagne agréablement notre quotidien. Le chat, déifié et symbole de la fécondité et de l’amour maternel sous les traits de la déesse Bastet dans l’antiquité, rejeté voire persécuté à partir du Moyen-Âge, est entré dans notre culture et plus particulièrement, depuis de nombreuses années, dans la bande dessinée. L’occasion était trop belle pour ce passionné de félidés et d’Histoire, d’associer les deux et d’encenser les matous au travers de l’ouvrage présent.

Grand amateur de la BD animalière, Julien Derouet alias Moca n’en est pas à son coup d’essai puisqu’il est déjà à la tête d’une série intitulée "Léa Graslin" dont le premier épisode est sorti récemment chez Xiao Pan. Il y est associé à Xia Ji-Han et son atelier graphique, versé lui aussi dans l’animalier et auteur de la série "Niumao" dont le personnage principal est un chat (que l’on retrouve sur la présente couverture). L’évidence de cette collaboration voulait donc que ce jeune auteur ait quelques idées pour écrire un recueil ayant trait à cet animal qui le fascine. C’est donc chose faite maintenant, dans cette toute nouvelle collection de chez Cheminements libellée "La bulle au carré".

Grâce à une documentation très riche appuyée par un lexique omniprésent et un plan thématique bien varié, Julien Derouet nous guide dans l’univers bigarré de la bande dessinée au cœur duquel notre compagnon à quatre pattes et aux longues moustaches a laissé une empreinte indélébile. Félix, Hercule, Garfield, Niumao, Chaminou, Blacksad… (et j’en passe tant la liste est longue) sont des noms de matous dessinés par les plus grands, passés à la postérité ou en passe de le devenir, dont l’auteur, en adepte du 9ème art, se fait l’écho. Pour ce faire, il n’hésite pas pour étayer ses dires de se référer à des poésies ou à produire des interviews fournies de confrères ayant dessiné le minou dans toute sa splendeur.

De plus, afin d’argumenter l’analyse instructive, beaucoup de dessins crayonnés, noirs & blancs ou colorisés viennent fleurir ses pages dans un ordre calculé. On ne pourra que saluer ces insertions graphiques qui sont là pour donner un aspect ludique et encore plus attrayant non négligeable.

"Le chat dans la bande dessinée" est une étude à la fois sérieuse et amusante à l’issue de laquelle les lecteurs de 7 à 77 ans en ressortiront, dans un ronronnement éloquent, pleinement "chatisfaits".

Par Phibes, le 22 novembre 2008