de Mircea Cartarescu

Dans une certaine mesure une analogie est possible entre Alain Cavalier et Edmond Baudoin, entre le cinéaste qui cherche dans ses films à ne plus jouer le jeu (Pater en est une illustration évidente) et l’auteur de bande dessinée qui se confond avec ses personnages. Ne plus faire l’acteur, ne plus créer de personnages : dans les deux cas, être au plus près de soi.

Dans Travesti, Baudoin adapte un roman roumain de Mircea Cartarescu. Baudoin est l’auteur du roman graphique, narrateur du récit et héros de l’histoire, trois rôles distincts qu’il endosse tour à tour avec l’élégance qui est la sienne. Baudoin se travesti pour nous parler de lui, de son adolescence et par écho de la notre, et de sexe aussi. Car que serait un livre de Baudoin sans sexe, celui physique qui suinte entre nos jambes et celui plus abstrait qui hante notre esprit, le désir. Névrotique, le sexe l’est souvent chez l’auteur, mais c’est toujours sous cette condition qu’il trouve sa puissance artistique et frénétique.

Maelstrom de mots et d’images à l’érotisme troublé, Travesti est un grand Baudoin.

Par melville, le 25 juin 2012