Depuis longtemps, l'art de Marc-Antoine Mathieu tend à explorer les limites du langage de la bande dessinée, le dialogue entre le lecteur et la représentation de la page, des cases, des espaces blancs et des multiples scénettes qui s'y dissimulent.
L'artiste s'interroge régulièrement sur ce que l'on appelle la Bande Dessinée, cet art séquentiel qui traditionnellement consiste à animer des séquences dessinées dans le cadre d'un récit, avec des textes ou non. C'est pourquoi, avec Deep Me, il décide d'aller à contre courant de cette définition, en proposant un album majoritairement constitué de cases noires traversées par des dialogues, des typos qui varient. Ici les images sont les textes, quand bien même surgissent de temps en temps des dessins.
Marc-Antoine Mathieu s'amuse donc à mettre en scène les textes, jouant sur les tailles des bulles, sur leur transparence, leur netteté, quitte à de temps en temps les rendre illisibles. On comprend très vite le concept de ce nouvel album, fasciné par la performance, une nouvelle fois extrêmement bien mise en scène, avec beaucoup de pertinence. On écoute cet étrange narrateur qui se demande ou il est, qui il est, ce qui lui est arrivé, entouré d'une équipe médicale qui se balance entre une volonté d'achever ses souffrances et celle de le maintenir en vie, malgré son état.
Toutefois, on se désintéresse assez vite de l'intrigue en elle même, pour se concentrer sur les multiples interrogations du narrateur, espérant nous aussi capter les éléments qui permettront de reconstruire le puzzle de cette énigme
Une fois encore Marc-Antoine Mathieu montre qu'il reste un observateur éclairé du langage de la bande dessinée et qu'il garde encore beaucoup d'excellentes idées dans sa besace !
Très conseillé pour les fans !
Par
FredGri, le 21 octobre 2022