DELTA BLUES CAFE

Cette histoire en bandes dessinées offre une galerie de portraits de personnages attachants parmi lesquels figure cela dit un homme fort irritant, j’ai nommé le professeur Gordon Moore de l’université du Mississippi. Ce vieil homme, dont la propension à râler peine à cacher un profond mal-être, est présenté comme une encyclopédie vivante, comme un spécialiste de la musique noire américaine du début du vingtième siècle. Avec le personnage de Laup, dans leur originale quête d’un disque hyper rare, voire unique, il est ainsi le lien tissé entre fiction et réalité et l’histoire commune de ce vieux blanc et d’un jeune noir, le temps de ce récit, rappelle à nos bons souvenirs l’artiste Robert Johnson ainsi que d’autres musiciens de son époque, ambassadeurs de la même culture.
On pensera bien sûr à toutes ces variantes sur la légende du carrefour où le guitariste a fait un pacte avec le diable ; au manga Me and the devil blues aussi, pourquoi pas. Mais plus qu’une BD se voulant biopic ou histoire sensationnaliste, Delta Blues Café se fait le portrait d’une petite communauté que le dessin et les couleurs du dessinateur Miras rendent hautement sympathique. Humour, amour, antagonismes, intrigue, quête, drame, échos à la période de l’esclavagisme mais aussi soleil écrasant et notes de musique pansant les âmes… C’est le cocktail proposé par cette bande dessinée à découvrir au catalogue de la collection Grand Angle des éditions Bamboo.

Par Sylvestre, le 2 mai 2024