DEMO
Demo

Demo c’est à la base un projet intimiste de Brian Wood qui, après avoir écrit pendant quelques temps Generation X chez Marvel, a voulu se libérer de ces contraintes pour dépeindre une jeunesse parfois désabusée, en prise ou non avec leur pouvoir, mais en tout cas à mille lieux de tout archétypes connus.
Le hic c’est que c’est assez peu optimiste dans l’ensemble, comme si finalement l’espoir n’avait pas beaucoup de place dans ces cœurs encore plein de vie !
Malgré tout, l’ensemble de ces histoires est assez émouvant et on se prend vite au jeu de vibrer avec les personnages, il règne dans ces planches en noir et blanc une sorte de mélancolie assez prenante qui nous tient en haleine du début à la fin sans nous lâcher !

Si un jour je devais écrire des scénarios, je crois que j’aimerais le faire avec la même liberté, la même virtuosité que Brian Wood. Car on est ici face à un auteur complètement maître de son élément, avec des récits très intimistes qui mettent l’accent sur les pensées, les doutes des protagonistes, c’est tout bonnement remarquable.
Bien sur, les intrigues ne sont pas bourrées d’action et ne vont généralement pas plus loin que les états d’âme des personnages, néanmoins l’écriture est d’une telle justesse que c’en est troublant !
Ensuite, on se rend très vite compte que les soi-disant pouvoirs ne sont que des prétextes, Wood ne développe pas davantage cet aspect des histoires, préférant se concentrer sur le parcours des héros. Alors que celui là puisse respirer sous l’eau ou celle là aller dans le passé n’est en soi qu’un des aspects des intrigues, rien de plus. Car ce qui est intéressant c’est de suivre les pensées de chacun et voir comment l’émergence de ces pouvoirs peut changer leur vie.

Le graphisme est assez riche en style, bien que globalement très inspiré par les mangas tout de même, néanmoins Becky Cloonan est particulièrement inspirée sur ce projet, variant à chaque fois ses approches, ses ambiances, excellente leçon de graphisme en tout cas ! Toutefois, dans la seconde partie (correspondant au deuxième volume, paru chez Vertigo) son style est bien plus aboutit, moins tâtonnant et plus personnel. Elle ajoute une subtilité exceptionnelle à l’ensemble. C’est magnifique !

Je vous conseille quand même la lecture de Demo, parce que vous y découvrirez avant tout deux auteurs fascinants et des histoires très intimistes superbement bien écrites ! Brian Wood nous démontre une nouvelle fois qu’il est possible de faire du décompressé sans pour autant étioler son intrigue sur 6 numéros ou encore sans aller faire du remplissage avec des dialogues à rallonge. Ici, on est vraiment dans une écriture épurée, super efficace et très attachante !
Dans le même esprit, je vous conseille son sublime Local !

Par FredGri, le 29 mars 2015