Deogratias

L’histoire se situe au Rwanda, au moment du Génocide.
Déogratias se traine implorant les colons de lui ceder un bout de viande, une gorgée de bière chaude. Il se souvient d’avant, des belles qui se trémoussaient, des bontés du frère Prieur, des vêtements propres sur son torse, si loin… Mais il se rappelle aussi de l’horreur inconsciente qui le hante depuis, des cris, des religieux qui se détournent, les regards fuyants. Déogratias est encore un enfant, il ne saisit pas tout, il aimerait s’enfuir, se terrer. Il aimerait se transformer en… chien pour ne plus être vu, juste un animal comme tout ceux qui le croisent !

Par fredgri, le 1 janvier 2001

2 avis sur Deogratias

Déogratias est une bande dessinée qui témoigne. Naturellement, le talent de l’auteur en est le vecteur. Mais plus encore que le trait, la couleur et la narration méthodique qu’il manie avec talent, c’est le thème qui provoque les émotions les plus vives. On n’est évidemment tour à tour écœurés, horrifiés, voire stupéfaits !
Un génocide est une plaie béante dans l’Histoire, quelle que soit la victime et Déogratias est le témoin de celui perpétré contre les Tutsis au Rwanda en avril 1994. L’album de Stassen est lucide et décidé.. le ton va crescendo et aboutit au summum, à l’immonde mais, même avec cette lecture qui nous prépare petit à petit, le choc est inévitable.
Les hommes sont parfois capables de se transformer en armes ou en animaux et ça donne des génocides, des exterminations humaines.. ! De quoi perdre la tête devant ces perversités sadiques. Nous sommes en 2004, voilà 10 ans que ce crime de guerre (je parle de guerre tribale ou civile) a été commis. La bd de Stassen semble avoir une place en vitrine parmi les nouveautés, c’est dire le tabou toujours présent à ce propos.
Déogratias est un écorché, comme la planète l’est souvent d’ailleurs et il faut vraiment beaucoup de talent à un artiste pour savoir raconter, voire transmettre l’Histoire sans tomber dans le sensationnalisme. C’est une œuvre forte, marquante, qui ne s’investit d’aucun pouvoir de jugement et qui ne tombe pas non plus dans la facilité. On peut nettement ranger cet album de bd entre les divers reportages médiatisés ce qui rend hommage encore à cet art.
Au final, c’est une bande dessinée de grande qualité mais qui nécessite une volonté de lecture devant la dureté de certaines cases.

Par MARIE, le 4 mai 2004

C’est je pense l’œuvre la plus personelle de Stassen, la plus aboutit aussi de par son engagement. J’ai été interloqué par le propos de cet album simplement parce que je n’y connais rien et que la réalité de cette histoire m’est arrivée violemment en plein visage ! C’est un album très dur, éprouvant, mais nécessaire me semble t il ! débordant du regard ironique de l’auteur !
Je le conseille aux lecteurs qui voudraient lire et se rendre compte de ce qu’est un engagement d’auteur, je leur conseille aussi de suivre cette lecture par le formidable Pawa chez Delcourt par le même Stassen. Je ne vais pas m’etendre car je n’apporterais pas forcément plus d’eau au moulin, lisez et découvrez !

Par FredGri, le 10 décembre 2002

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