DERNIER CHAPITRE (LE)
Blake et Mortimer - L'aventure immobile

Initiative originale que celle prise par Convard et Juillard avec la bénédiction des éditions Dargaud : imaginer une histoire autour de personnages célèbres de la bande dessinée au crépuscule de leur vie. Il ne s’agit pas d’une bd, mais plutôt de textes flanqués d’illustrations, forcément belles quand on en connaît l’auteur, maître de la ligne claire.

Le premier opus est dédié à deux monstres sacrés du 9e art, Blake et Mortimer, les personnages imaginés par Edgar P. Jacobs. Nous les retrouvons ici bien vieillis, mais encore promptes à chercher l’aventure, même si celle-ci est finalement « virtuelle » car le voyage dans lequel les entraine le cheik se fait à travers les songes. Nos deux amis vont se retrouver transportés dans l’Egypte qu’ils avaient quittée des années auparavant, trouvant réponse à des questions enfouies aux tréfonds de leur âme.

Convard imagine l’histoire sous forme d’échange de courriers, qui se veulent finalement un partage d’expérience, le témoignage de deux hommes qui comprennent qu’ils partagent un rêve. Ce songe leur permet de filer au cœur d’une énigme qui les a tourmentés bien longtemps sans qu’ils puissent jamais vraiment identifier l’origine de leur malaise.

L’idée de repartir du Mystère de la Grande Pyramide n’est pas une mauvaise idée. Il s’agit d’une histoire phare de la série, et elle a l’intérêt de donner un côté mystique aux retrouvailles des deux héros qui ont maintenant bien des rides et des cheveux blancs. Je ne vous cacherai pas que cela fait une drôle d’impression de les retrouver ainsi. Le sentiment de nostalgie est fort et les voir si âgés, qui plus est dans un tombeau (même si ce n’est pas le leur !), donne le sentiment que nos héros ont bel et bien un pied dans la mort.

Ce livre, en format à l’italienne, est donc une curiosité. Néanmoins, même pour un fan de la série d’origine comme moi, cet ouvrage apparaît finalement comme accessoire. L’échange de courrier abouti à un récit qui manque parfois de vigueur et qui, de plus, n’apporte que peu d’éclairages sur l’aventure originelle de Blake et Mortimer. Le prétexte est insolite, bien trouvé, mais il peine à trouver ses marques dans ce dédale fantastique.

Reste les jolies planches du dessinateur qui feront plaisir à vos yeux. Mais cela justifiera-t-il l’achat de l’album ? Je reste mesuré sur la question.

Par Legoffe, le 8 novembre 2009