Des Rivières sur les Ponts

Milos, jeune journaliste à la radio, est privé d’antenne. Ivan et Anna, étudiants, se retrouvent interdits de circuler dans les rues de Belgrade ainsi que tous les autres étudiants. La rue est barrée par une ceinture humaine policière qui ne bouge pas durant des jours.
Ainsi est le décor de cette année 1997 durant laquelle les trois jeunes gens vont apprendre à se battre devant les incohérences et les injustices de la dictature de Milosevic. Ainsi chacun va suivre un destin différent ne les menant pas forcément où ils auraient voulu.
L’amour, la peur, la révolte, la mort des proches, la folie d’autres, la fuite ou le combat, c’est une période difficile qui sera pourtant traversée mais au prix du sang et des larmes, des désillusions et des interdictions et sous le coup et le bruit des bombardements de l’Otan sur la Serbie.

Par MARIE, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur Des Rivières sur les Ponts

Cette bande dessinée tient un langage froid et dur sur la guerre. Le langage est dur mais il cache une grande sensibilité de la part des auteurs. En préface de cet album, le réalisateur de film Jan Kounen (On lui doit Blueberry.. ), publie un échange de mail qu’il a eu avec Zoran Penevski, scénariste de l’album mais également, journaliste et témoin principal de l’histoire.
Le mail est bref.. mais poignant et pourtant, sans mièvrerie, seulement un constat franc et direct de ce qu’est la vie à Belgrade au moment du mail, durant cette guerre, sous les bombardements de l’Otan, dans l’interdiction de s’exprimer à la radio, de circuler, presque de s’aimer librement en famille ou en couple sous le régime dictatorial de Milosevic.
Le dessin est chaleureux et les couleurs appliquées avec douceur sur un support qui parfois semble toilé.. laisse passer un effet de matière rassurante, confortable, qui contraste avec la brutalité et la froideur des conflits. D’un côté la sensation glaciale d’un discours inflexible, support lisse et métallique et de l’autre, la chaleur d’un rayon de soleil – principalement avec le choix de la palette graphique, qui réveille l’envie d’aimer et de vivre.
Cette bande dessinée joue sur plusieurs registres en même temps. Celui du document et celui de la bd. Le dosage est tellement juste que l’alchimie fonctionne tout de suite et on plonge à notre insu au beau milieu du quotidien des personnages et dans ce climat douloureux.
Le trait est jeté et sobre, faussement négligé comme on peut s’exprimer avec discrétion ou timidité pourtant les cases sont le travail d’un artiste peintre avec une grande générosité dans le trait, des débordements, une vision éclatée de l’espace qui n’a pas véritablement de limite.. comme devrait être la liberté d’expression. Une utopie d’artiste partagée par tous les humanistes quels qu’ils soient et tous ceux qui ont eu la chance de garder une âme d’enfant. Alors, depuis les cases, le regard s’attarde sur des scènes suggérées, l’imaginaire voit ce que l’auteur ne dessine pas. Instinctivement, grâce à une narration construite sans obstacles, on peut suivre avec confiance les personnages dans leur destin, même si l’histoire est difficile, elle n’est pas provocatrice. Elle est même peut-être trop réservée !
Cet album est un très beau livre rempli d’émotion, agrémenté d’un reportage et d’un carnet de croquis. « Des rivières sur les ponts » est à lire et à offrir …

Par MARIE, le 14 juin 2004

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