DETECTIVES
Martin Bec – La cour silencieuse

A Paris, en octobre 1932, le commissaire Martin Bec du 36 quai des Orfèvres a été appelé pour enquêter sur la défénestration d’une jeune femme dont le corps sans vie a été retrouvé dans la cour de son immeuble. Contre toute attente, personne n’a été témoin de sa chute, au grand étonnement de l’investigateur qui n’hésite pas à convoquer tous les voisins au siège de la police. Les premières constatations font apparaître que la victime a eu une altercation dans son appartement et qu’elle a été poussée sans ménage par la fenêtre. L’arrivée du mari, Jean-Baptiste Clerc, qui n’est autre qu’un collègue du commissaire, permet à ce dernier d’entendre sa déposition et d’orienter son enquête autour d’un clochard qui vit à proximité et qui a disparu. Aussi, tout laisse à penser que l’affaire est simple et qu’elle va être bouclée en peu de temps. A moins que le commissaire Bec ait envie de creuser d’avantage.

Par phibes, le 7 septembre 2015

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Notre avis sur DETECTIVES #4 – Martin Bec – La cour silencieuse

Après Miss Crumble, Richard Monroe et Ernest Patisson, la série Détectives met à l’honneur un autre limier hors pair ayant fait partie de la bande des sept détectives que l’on a pu voir à l’œuvre dans l’affaire du tueur de Londres narrée dans la série-concept 7. Cette fois-ci, c’est au tour de Martin Bec, le fameux commissaire du 36 Quai des Orfèvres, de se distinguer en solo dans une affaire de meurtre qui touche la capitale française.

Comme les précédents épisodes, Herik Hanna reste à la manœuvre de ce scénario qui nous introduit dans une affaire de meurtre que le nouveau limier se doit d’élucider. Force est de constater que le haut personnage dont il est question ne doit rien à ses prédécesseurs tant ce dernier bénéficie de qualités qui lorgnent inévitablement sur celles de son homologue (côté littéraire), le Commissaire Maigret créé par Georges Simenon. Fumeur de pipe, peu blagueur et respecté par ses collaborateurs, ne croyant pas aux enquêtes faciles, semblant prendre son temps malgré son empressement et ayant un pouvoir de déduction imparable, Martin Bec a tout d’un fin investigateur. L’assassinat énigmatique de Nathalie Clerc va être donc l’occasion de mettre en exergue ses compétences exceptionnelles.

Il ne fait aucun doute qu’Herik Hanna structure admirablement son récit de manière à ce que l’enquête criminelle soit bien campée historiquement (année 32) à la faveur d’un verbiage bien étudié et qu’elle se déroule classiquement selon un rythme impulsé évidemment par les interrogatoires, les analyses des témoignages plus ou moins fiables, les recherches des subalternes, les indices, les arrestations, les aveux… Si elle semble superficielle au départ avec la désignation rapide d’un coupable, elle offre peu à peu, grâce à la persévérance du policier, un tout autre regard qui, grâce au double jeu de certains protagonistes, lui donne évidemment une épaisseur particulièrement profitable.

Le trait anguleux de Thomas Labourot que l’on a pu apprécier dans Washita se retrouve également dans cette histoire policière, mais dans des proportions moindres, afin de rester dans le concept graphique général de la série. Particulièrement actif en cette rentrée (il publie en même temps que le présent ouvrage un one-shot pour la jeunesse intitulé Alienor Mandragore), cet artiste nous offre un dessin de grande qualité magnifié par une colorisation conforme à toute la saga. Le choix des plans est remarquable, les décors historiquement probants et les personnages très représentatifs. En particulier, Martin Bec qui se veut croqué de près ou de loin dans de nombreuses attitudes, bénéficie d’une expressivité qui met en évidence un charisme hors norme.

Bon sang mais c’est bien sûr ! Voilà une enquête policière complète très entreprenante qui a l’avantage de mettre à l’œuvre le fascinant policier français Martin Bec issu de la fameuse bande des 7 détectives.

Par Phibes, le 7 septembre 2015

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