DEUX COEURS DE L'EGYPTE (LES)
La barque des milliers d’années

Au Caire, en septembre 2011, Hassan prend son service au pied des pyramides. C’est lors de sa ronde habituelle qu’il a la grande surprise d’être hélé par un homme enfermé derrière les grilles d’un des monuments et tenant dans ses bras un enfant. Sous l’insistance de ce singulier personnage qui se nomme Anoukis, Hassan fait appel à son chef qui lui ouvre la grille et l’entraîne dans un quartier délabré pour être à nouveau enfermé. Là, durant la nuit, Anoukis est pris à partie par deux brutes menées par le chef. S’ensuit une lutte à l’issue de laquelle le mystérieux égyptien est assommé après que l’enfant lui ait été ravi.

A Thèbes, 1358 avant notre ère, la découverte du corps sans vie de Penju, Grand Voyant du Temple, a semé le trouble au sein des plus hautes instances. A commencer par la reine Tiyi qui l’appréciait énormément et qui exige que le coupable soit trouvé pour comprendre cet ignoble geste et être mis à mort. En parallèle, Anoukis, prêtre et enseignant, ne peut se soustraire des élans amoureux de son élève, la belle Iséri. Pris en chasse par trois malandrins, il se réfugie dans la Maison de Mort dans laquelle œuvre son ami Inksou. Aux yeux d’Iséri, le responsable de cette agression n’est autre que le général Manès, épris de cette dernière.

Quel peut être le lien entre toutes ces péripéties à travers le temps ? N’y aurait-il pas dans ces dernières l’amorce d’une réforme religieuse profonde ?

Par phibes, le 12 mai 2018

Publicité

Notre avis sur DEUX COEURS DE L’EGYPTE (LES) #1 – La barque des milliers d’années

Toujours en verve, Pierre Makyo, scénariste illustre à l’origine de nombre de sagas en bandes dessinées telles La ballade au bout du monde, Je suis cathare, La porte au ciel…, revient en force avec une nouvelle histoire qui se déroule sur les terres d’Egypte dans une double temporalité.

Basée sur un concept historique qui a trait à l’instauration d’un culte monothéiste sous le règne d’Akhenaton, le scénariste nous entraîne dans des péripéties à travers deux époques (l’une de nos jours, l’autre lors du règne d’Amenhotep III) vécues par un jeune prêtre égyptien, Anoukis. Sous le couvert d’une entrée en matière surprenante qui préfigure un certain anachronisme, Pierre Makyo trouve le ton qui sied à cette histoire pour nous pousser à aller voir plus loin dans son récit pour en comprendre le sens réel.

Force est de constater que l’artiste fait preuve d’une réelle recherche documentaire pour bien asseoir la première partie de son équipée égyptienne. Autour d’une très belle restitution des arcanes institutionnels du règne de pharaon et de la culture égyptienne, sont associées une histoire d’amour douloureuse entre une élève et son maître ainsi qu’une sournoise conjuration dont il va falloir assimiler l’objectif réel. Entre drame et passion, Pierre Makyo articule avec une grande sensibilité son récit dans des effusions originales nécessitant assurément un certain ésotérisme, le faisant enfler dans une juste progression au point de lui donner toute sa dimension en fin d’album pour une suite digne d’intérêt.

Pour les besoins de cette histoire, pas moins de deux dessinateurs ont été « réquisitionnés ». Fidèles du scénariste, Alessandro Calore (Je suis cathare) et Eugenio Sicomoro (Lumière froide, La porte au ciel) se sont donc associés pour se partager l’illustration des pérégrinations temporelles d’Anoukis. L’un restituant ces dernières de nos jours, l’autre au temps d’Amenhotep III, cette représentation à quatre mains se conjugue dans des effets artistiques de grande qualité. A cet égard, on saluera la richesse et le réalisme de leur graphisme qui se complètent assez bien et donne à voir un sens aiguisé du découpage et de la mise en lumière. Tout particulièrement, Eugenio Sicomoro se détache de cette association grâce à sa restitution historique de l’Egypte antique, au travers de décors on ne plus léchés et d’une galerie de portraits impressionnants.

Une bien belle première partie, historico-ésotérique, qui se veut des plus alléchantes pour la suite.

Par Phibes, le 12 mai 2018

Publicité