Deviens quelqu'un

On est tout d’abord intrigué par le nombre et le nom des invités qui viennent se glisser dans ces pages, des gens comme Lisa Mandel, Reno, Boulet, Joseph Béhé, Erwann Surcouf, Pascal Campion, Sylvain-Moizie Rondet, Nicolas Wild, Mathieu Sapin, Blutch, Thomas Baas ou encore Claude Lapointe. En soi, ça reste juste anecdotique, car ils viennent surtout soutenir cet album de Daniel Blancou qui revient sur son métier, sa carrière et sur le temps passé depuis les années estudiantines ou il trainait avec ces jeunes stars en devenir.

Malgré tout, il est surtout question d’un homme qui fait le point sur ce qu’il n’a pas accompli, ou tout du moins pas avec le même succès que ses camarades. Il aborde les doutes qui l’assaillent encore, exacerbés par la perspective de se mesurer une dernière fois à eux. Il repense alors à ces moments ou ensemble ils se laissaient aller à une douce émulation de groupe, préparer des expo ensemble, tester leurs limites, être entouré, tout simplement.
Maintenant qu’il a fait de la BD sa profession, qu’il travaille régulièrement sur des projets qui ne l’enthousiasment pas forcément, certes, mais qui restent son métier, il jauge le temps passé, les désillusions, mais la volonté malgré tout de rester sincère dans son travail, même s’il perçoit cette expo comme une occasion pour « leur montrer que… »

Cet album est une très belle surprise, pleine de justesse, avec un regard méta sur la bande dessinée, son évolution et la perception que l’on peut en avoir de l’extérieur, comme de l’intérieur. Daniel Blancou se dévoile assez pudiquement, sans s’épargner un seul instant, avec parfois de l’humour, de l’émotion. Il nous parle de son savoir, de sa vie et de son expérience d’étudiant.
Un album confidence absolument passionnant et bourrée d’excellentes idées formalistes ou l’auteur change de style à l’occasion.

En refermant la dernière page, on est ému, mais on savoure ce moment passé à la lecture de ce « Deviens quelqu’un »

Vivement recommandé.

Par FredGri, le 27 juillet 2023