Diana & Charlie

Diana et Charlie sont deux amis d’enfance. Inséparables et fusionnels, ils vivent leur mal être en se réconfortant et en apprenant à s’accepter tant bien que mal, comme ils sont. Car ça n’est pas simple. Diana, de son vrai prénom masculin Dante, n’est pas né dans le bon corps, il attend impatiemment ses 18 ans pour pouvoir enfin suivre un traitement à base d’hormones, afin de pouvoir devenir physiquement celle qu’il est depuis longtemps intérieurement. De son côté, Charlie se déclare asexuel, un mal être identitaire qui le pousse à se scarifier tout en se perdant le plus possible dans les fêtes et l’alcool… Et même s’ils sont là l’un pour l’autre, il n’est pas facile de se sentir trans dans un monde qui ne comprend pas vraiment ce que cela signifie, profondément…

Par fredgri, le 13 septembre 2022

Notre avis sur Diana & Charlie

"Diana et Charlie" n’est pas un livre didactique qui explique ce qu’est aujourd’hui la vie d’un "trans" dans une société moderne. Non, il s’agit d’une fiction, avant tout, même si, à travers le quotidien de Diana et Charlie, nous comprenons comme il peut être complexe de s’assumer pleinement lorsque l’on s’imagine jugé de tous les côtés.

Cependant, Elias Ericson ne tombe pas non plus dans le pamphlet revendicateur. Les deux lycéens sont entourés d’amis qui les acceptent sans soucis, et même si le père de Diana a encore du mal à complètement comprendre l’identité féminine de son fils, il n’entre pas dans des conflits violents, ni même l’exclusion typique que l’on pourrait voir dans ce type de récit.
Les remous qui troublent Diana et Charlie sont avant tout intérieurs, les difficultés qu’ils rencontrent sont surtout d’ordre intime. Les remises en question du genre sont perturbante car il s’agit avant de se redéfinir en fonction de ce que le monde autour d’eux pense d’eux.
Les deux amis ont les nerfs à fleur de peau, réagissant au quart de tour à la moindre confusion entre Diana et Dante dans une conversation anodine, interprétant un regard de côté qui peut les renvoyer à un souvenir traumatisant, un doute, un insupportable jugement qui rend la vie de tous les jours d’une telle intensité que c’en est régulièrement insurmontable.
Charlie perd régulièrement pied, a besoin de l’épaule de Diana pour retrouver ses marques, cette affection qui l’étouffe chez sa mère, qui se dresse tel un mur entre ses sentiments et ce monde extérieur, qui l’empêche de communiquer simplement, sans avoir le sentiment de se noyer…

Alors oui, il ne faut pas oublier cette sensibilité exacerbée que l’on retrouve chez tous ceux qui se sentent déchirés entre leur corps "prison" et ce qu’ils sont réellement. Parfois, on peut en arriver à trouver que le duo "pleurniche pour un rien", mais la réalité, pour eux, n’est qu’un ensemble de signaux divergents qui viennent leur rappeler leur "marginalité", cet état de fait qu’ils ne doivent jamais oublier et contre lequel ils ne cessent de se battre intérieurement.

Un album d’une très grande finesse, même si on garde sans cesse ce sentiment d’être en retrait tout du long. Le journal d’une vie transgenre ou l’une et l’autre apprennent à se reconstruire, lentement et ensemble !

Très touchant !

Par FredGri, le 13 septembre 2022

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