DILEMMA
Version A

En 1937, l’archéologue Michael Horffman et son équipe mettent à jour un gisement d’amphores dans les profondeurs d’une grotte égyptienne. N’étant plus subventionné par le gouvernement allemand, le scientifique est obligé de poursuivre l’examen de ses découvertes dans des locaux que lui prête son ami Karl. C’est là qu’il s’aperçoit que les dressel renferment chacun un codex datant du 3ème siècle avant Jésus-Christ et écrit sur plusieurs périodes. Il ne fait aucun doute que la découverte est énorme par le fait que les auteurs de ces transcriptions antiques se révèlent être Platon, Xénophon, Diogène et Aristote, quatre philosophes grecs qui, adeptes du déterminisme, ont fait cause commune pour un projet sournois et tentaculaire à travers les siècles et qui pourrait être en corrélation avec l’avènement du III Reich. Face aux terribles répercussions politiques et sociales que ne manque pas d’engendrer les ambitions radicales et expansionnistes de l’appareil d’Etat allemand, Michael va bientôt être confronté à un dilemme qui peut s’avérer lourd de conséquence selon l’option choisie.

Par phibes, le 22 décembre 2015

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2 avis sur DILEMMA #1 – Version A

Clarke, le créateur de Mélusine, a l’avantage d’être un artiste touche à tout. S’il sait manier l’humour avec subtilité, il sait aussi se mouvoir dans des univers beaucoup plus sérieux, à la limite du fantastique comme par exemple Nocturnes ou du thriller comme le présent ouvrage. Fort de cette polyvalence qui lui sied pleinement et qui lui permet de traiter des sujets pour le moins éclectiques (Réalités obliques, Les étiquettes, Urielle…), l’auteur trouve ici le moyen de nous entraîner dans une histoire qui a la particularité, conformément à son titre évocateur, de faire naître un dilemme à découvrir.

C’est une équipée certes au long cours (plus de 130 pages) mais complète à laquelle Clarke nous invite, une équipée qui a la particularité de nous plonger dans les années précédant la seconde guerre mondiale. Fort de ce cadre temporel, il nous introduit dans sa fiction qui, à la faveur d’une découverte archéologique, s’assoit pleinement dans la réalité historique et lui octroie également de profondes racines dans l’Antiquité grecque.

De fait, l’artiste ne manque pas de jouer sur les époques, alternant entre le 3ème siècle avant JC et la fin des années 30 et tisse, au fil des pages, une intrigue « folle » initiée par de grands philosophes grecs réunis autour du même désir de bâtir l’avenir du monde. Dans l’avènement de ce plan machiavélique, c’est Michael Horffman, protagoniste contemporain, qui a la lourde tâche non seulement d’être confronté comme tant d’autres à ce terrible dessein mais aussi d’endosser la responsabilité de choisir, tout seul, son orientation.

Cette aventure cadencée prend toute sa puissance par le fait qu’elle s’insère remarquablement dans l’Histoire que l’on connaît (surtout celle qui concerne la seconde guerre) et qu’elle s’appuie sur nombre de personnages authentiques qui l’ont marqué. A la faveur de cet assemblage audacieux et du rôle précis, mystérieux dédié à chacun y compris les acteurs inventés, les évènements contés sur les deux périodes s’imbriquent judicieusement et font monter dans une progression équilibrée une manipulation du fonds des âges à la fois consistante, cohérente et ahurissante, faisant converger le tout vers deux finalités et un épilogue qui ne manqueront pas de produire leur effet.

Afin de découvrir le dilemme et les deux choix s’y rapportant, l’éditeur a pris pour parti de développer chaque option sur les cinq dernières pages de deux opus différents (les versions A et B). Cette initiative peut se révéler un tantinet abusive et faire regretter le fait que les deux options soient réunies sous le même tome. Pour dissiper ce sentiment, Le Lombard a tout de même décidé d’insérer dans chaque album un lien url qui offrira au lecteur l’occasion de lire sur écran l’autre option.

Au niveau du dessin, Clarke reste dans un semi-réalisme agréable. Son trait laisse passer un message très clair, ancré dans l’Histoire, et suffisamment convaincant pour camper l’indispensable suspense.

Une surprise de taille qui n’est pas sans rappeler dans d’autres proportions le concept de la saga Destins de Frank Giroud, habilement montée par un artiste qui a la particularité de jouer avec l’Histoire et de lui flanquer quelques bonnes distorsions particulièrement amères et inquiétantes. Un voire deux albums à recommander !

Par Phibes, le 22 décembre 2015

Est-il possible de prédire ou d’influencer l’avenir en façonnant le présent ? Cette idée, quelque peu anxiogène, qui enlève aux hommes le droit de croire qu’ils sont maitres de leurs destinées, est exploitée par Clarke avec une précision implacable.
Entre le passé où de brillants philosophes développent la théorie de Démocrite sur le déterminisme et le présent, presque 2000 ans se sont écoulés, des années où un cercle restreint d’individus à œuvré dans l’ombre pour accomplir la théorie dévoyée par Xénophon et a amené le monde au bord du gouffre.

Clarke parvient avec Dilemma à élaborer un scénario où se mélangent subtilement aventure, suspense, réflexion sur la nature humaine et érudition. Impossible de lâcher l’album avant la dernière planche et là encore, la lecture n’est pas terminée. Clarke nous propose une fin alternative à télécharger, laquelle préférerez-vous ?

Dilemma est un album qui, au même titre que Fondation d’Asimov, au-delà d’une lecture d’aventure extrêmement fluide et agréable, amène une réflexion sur notre monde et le rôle que chacun d’entre nous peut être amené à y jouer, notamment en cette période trouble et douloureuse.

Le dessin, très expressif, ancre cet album dans la réalité et offre aux personnages une vie et des interactions presque tangibles.

Clarke est décidément un auteur qui ne cesse de surprendre et je ne peux que vous invitez à poursuivre la lecture de cet album avec le mini site que le Lombard lui dédie avec notamment la musique composée par Clarke pendant l’écriture du scénario.

http://www.lelombard.com/dilemma/1.php?page=1

Par Olivier, le 17 janvier 2016

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