Doctor Strange - Fall Sunrise

(Doctor Strange – Fall Sunrise 1 à 4)
Surpris, Stephen Strange se réveille dans un monde étrange qui lui est complètement inconnu, avec à ses côtés, une seconde forme, un homme bête qui s’éveille en même temps que lui et qui l’attaque… Après s’en être débarrassé, Strange décide d’explorer les lieux, alors que progressivement lui reviennent quelques bribes de souvenirs, la visite d’une étrange femme qui lui semble familière, qui lui demande son assistance…
Au bout d’un moment, une voix se fait entendre, alors qu’il avance en pleine forêt, elle le guide vers une cité, en ne lui cachant pas le danger qui y règne. Surpris par un cortège d’esclavagiste, Strange doit se défendre, mais finit par être lui aussi attrapé et enfermé dans une cage ou il rencontre deux autres captifs: Yalda et Mona…

Par fredgri, le 13 février 2024

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Notre avis sur Doctor Strange – Fall Sunrise

Si depuis quelques années Marvel peine à proposer des projets qui sortent du lot, il arrive que de temps en temps une perle comme ce volume arrive malgré tout à faire la différence, même si elle ne s’inscrit dans aucune règle propre à ce que pratique habituellement l’éditeur.

Avec Doctor Strange Fall Sunrise, Tradd Moore s’écarte délibérément des schémas conventionnels.
D’une part, parce qu’il n’intègre nullement son récit dans une quelconque idée de continuité, que vous ayez ou non lu les aventures précédentes du héros ne changera rien à la donne, ça ne vous sera d’aucune aide. Il n’y a qu’assez peu de choses à savoir si ce n’est que Strange est un grand maître sorcier de l’univers Marvel, qu’éventuellement il a découvert sa voie après un terrible accident de la route qui ne lui a plus permis d’exercer son métier de chirurgien, ce qui l’a amené ensuite à se retrouver dans un monastère tibétain ou il a été formé aux sciences occultes… Voilà, c’est bon, on peut continuer…
D’autre part, il n’est pas ici question de faire dans le consensuel en proposant un scénario linéaire et prémâché. Au contraire, cette lecture est exigeante, il faut s’accrocher, car autant on peut tout de suite juger de l’audace picturale dont fait preuve Moore, autant il apparait que pour ce qui est de ses textes, son approche littéraire, devrais-je plutôt dire, il n’est pas en reste, sautant du monologue intérieur au récitatif qui rappelle les contes, en passant par des poèmes, des dialogues directes etc.
Cet album propose une immersion dense et profonde ou il faut s’accrocher et bien tout lire, car ça s’accélère assez vite.

A cela, on peut bien sur ajouter l’incroyable et très impressionnante prestation graphique qui nous éblouit pratiquement dès les premières pages. Moore pousse son art encore plus loin, jouant avec le sens de lecture, multipliant son personnage dans la page, avec son dessin qui mêle très habilement design moderne, un dynamisme exacerbé par des cadrages très réfléchis, des plans larges de folie, des combats orchestrés avec la précision d’une dance et des mises en page à couper le souffle… Fall Sunrise c’est avant tout une claque visuelle qui nous sonne, avant même de tenter de comprendre ce qui se déroule sous nos yeux.

Alors oui, c’est vrai, comme je le précisais plus haut, il faut être patient, accepter d’avancer dans le flou, que certains passages plutôt cryptiques le restent et se concentrer sur l’essentiel, quitte à envisager une seconde lecture, plus tard. Car c’est très perché, quand même. Sans entrer dans les détails, Strange se retrouve à devoir prendre partie dans un combats cosmologique ou des divinités s’affrontent pour en quelque sorte le contrôle de la réalité. C’est extrêmement plus profond que cela, d’autant que Moore y glisse aussi différents niveaux de lecture qui transcendent le concepts de l’album.
Il a pris le temps de préparer sa copie, on sent qu’il y a beaucoup de réflexion derrière cette démonstration brillante, mais peut-être trop riche, au final. On peut être fasciné, mais on se rend compte que même si l’auteur finit par donner toutes les clés de compréhension, cela reste une vraie expérience de lecture qui n’ouvre pas ses portes aussi facilement.
J’aurais tendance, pour ma part à trouver essentiel ce type d’œuvres, car elles sont la marque d’un vrai travail d’auteur qui s’affranchit des règles, mais en contre partie d’un public plus large aussi.

En attendant, on ne peut qu’être fasciné par cette comète solitaire qu’est Tradd Moore, dont chaque projet est définitivement à surveiller.

Hautement recommandé.

Par FredGri, le 13 février 2024

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