DOGGYBAGS
Mad in América

Trois histoires + une nouvelle au menu de ce quinzième album :

Au plus profond du bayou, Sydney le noir se balance à une branche devant deux sinistres individus qui l’ont passé à tabac et qui se gaussent de son malheur. Alors qu’il se prépare à passer dans l’au-delà tout en pensant à sa dulcinée Jenny, la mauvaise qualité de la corde lui permet d’obtenir un premier sursis. L’apparition d’une tierce créature va être le second et peut-être le dernier.

A Breham, au Texas, un homme armé d’une kalach se plante devant l’église de Pakerland et tire sur toute une communauté noire qui s’y était regroupée. Après son forfait, le tueur se suicide devant le policier qui cherchait à le neutraliser. Alors que les médias relayent dans tout le pays la tragédie, un sinistre prêcheur crée le doute dans l’opinion publique en criant au complot.

Le jour, il est un grand-père cool. Le soir, il endosse sa tenue d’apparat et se retrouve grand sorcier du Ku Klux Kan de Géorgie. Cette fois-ci, c’est lui et ses membres qui sont pris pour cible par des individus qui souhaitent venger tous les crimes racistes qu’il a ordonnés.

Par phibes, le 22 juillet 2020

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Notre avis sur DOGGYBAGS #15 – Mad in América

S’inspirant du climat social américain pour le moins pesant de ces dernières années, Run, directeur artististique du label 619 chez Ankama se voit épaulé par d’autres artistes tels que Klocar, Chesnot et Gasparutto, pour alimenter pour la deuxième fois la saison 2 de sa saga mortifère DoggyBags. Pour l’occasion, il met à l’honneur trois récits particulièrement horrifiques liés à cette idéologie discriminante qu’est le racisme et qui grève en profondeur la société américaine.

Pour illustrer ce malaise délétère, ce quinzième volet propose, hormis de nombreuses pages de publicité, de textes, de dossiers, trois historiettes on ne peut plus marquantes. Vous l’aurez compris, entre une course-poursuite endiablée, un assassinat de masse et une vengeance radicale, la sensibilité du lecteur sera mise à rude épreuve. Dans un racisme ambiant crû, Run et ses coéquipiers ne font pas dans la dentelle et illustre la thématique avec force de suspense et de scènes d’horreur.

Considérant que ce genre de récit devient vite addictif eu égard à la tension qu’il génère, on se prend à ce jeu d’écriture sans tabou. On avale presque en apnée ces courtes péripéties qui, bien sûr, peuvent à bien des moments provoquer les hauts le cœur voulus. Si la première histoire liée à Sydney a tendance à fricoter avec un fantastique vaudouesque peu crédible, on restera subjugué par les deux autres qui collent plus à la réalité et qui suscite quelques réflexions.

Evidemment, le dessin est au diapason du texte. En effet, Klobcar, Chesnot et Gasparutto, qui sont des artistes au style graphique différent, ont tous les trois joué, l’un dans un noir et blanc obscur, les deux autres soit dans une réalité caricaturée soit dans un réalisme angoissant, le jeu de l’horreur qui est la marque de fabrique de la série. Le message reste à tout niveau puissant, sans retenue, volontairement maléfique dans ses contours, le tout pour titiller l’émotivité du lecteur.

Des histoires à la sauce américaine pas piquées des vers et qui vous remuent les tripes dans tous les sens.

Par Phibes, le 22 juillet 2020

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