D'Or et d'Oreillers

Sadima est une jeune femme de chambre habituée à répondre aux mille et un désirs de sa maîtresse et de ses filles.
Un jour, le mystérieux Lors Handerson, un jeune héritier très riche qui vit seul dans son énorme propriété, entreprend de trouver une épouse. Bien que cela soit très tentant pour les jeunes filles de bonne famille de la région, elles doivent toutes accepter de passer une première épreuve assez particulière, rester une nuit à Blenkinsop Castle, à l’issue de laquelle le jeune Lord acceptera ou non d’aller plus loin.
Sadima doit alors suivre sa patronne et ses trois filles qui se rendent sur place pour passer à leur tour l’épreuve sans, toutefois, parvenir à la réussir. Néanmoins, au dernier moment, le jeune homme propose à Sadima de tenter elle aussi sa chance…

Par fredgri, le 16 septembre 2024

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Notre avis sur D’Or et d’Oreillers

Cet album est l’adaptation directe du livre du même nom, écrit par Flore Vesco et édité par l’École des Loisirs en 2021.
L’histoire se présente au départ comme une version remaniée de la Princesse au petit pois d’Hendersen, ou une jeune princesse se voit proposer de dormir sur une pile de matelas sous laquelle on a disposé un petit pois. Gênée par cette présence qui lui meurtrie le corps, la jeune femme se révèle être une vraie princesse, bonne à marier… Pour l’occasion, Mayalen Goust (et donc initialement Flore Vesco) propose de revoir un peu cette trame narrative en lui donnant à la fois plus de profondeur, mais surtout en la sortant des archétypes du conte traditionnel.

On retrouve toutefois les bases habituelles, une jeune servante qui se révèle forte en caractère et plus futée que ses maîtresses, qui a l’occasion de renverser les rôles en devenant elle aussi une sorte de « princesse » de substitution, de prendre, dira-t on « sa revanche », même s’il ne s’agit pas vraiment de ça, qu’il est plus question de garder son indépendance, de ne pas tomber dans les pièges qu’elle devine qu’on lui tend…
Malgré tout, l’histoire dévie assez vite de ce shéma pour gagner en complexité, avec une figure maternelle qui prend de plus en plus d’ampleur et une héroïne qui, si elle ne rêve pas de devenir véritablement une princesse, décide néanmoins de prendre les choses en main.

On est dès les premières pages séduit par cette aventure qui se déploie devant nous. Le graphisme somptueux, très doux et audacieux, nous emporte dans un univers sensuel d’une beauté transcendante ou le conte devient voyage des émotions, expérience unique de lecture. On craque sous le charme discret de Sadima, son ingéniosité, ses regards en coin ou cette façon de ne pas avoir le maintien d’une fille de bonne famille mais la séduction naturelle d’une jeune femme qui ne tente pas de jouer un rôle. On la suit, observant les petites tentatives de séduction d’Adrian, mystérieux, distant et petit à petit plus timide et proche.
Les ambiances se déclinent dans des teintes vertes, rouges, bleues, les cases s’effilochent, s’estompent, les mots glissent dans les coins, les pages défilent… On est fasciné par cette très belle découverte. Peut-être a-t on même envie de lire le livre de Flore Vesco dans la foulée…

Une très belle sortie qui ne devrait laisser personne indifférent.

Vivement recommandé.

Par FredGri, le 8 septembre 2024

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