Doubles Vies

Vlad/Vador est journaliste indépendant, il prépare un dossier sur les gens qui utilisent Internet pour avoir des identités multiples. C’est ainsi qu’il entre en contact avec Otis, un ancien camarade de jeux de rôle qu’il croise par hasard dans un bar. Ce dernier, vieux geek informaticien, complètement asocial et parano, vit encore chez sa mère. En parallèle, Vlad vit avec Ivy et ne cesse de douter de sa légitimité en tant que journaliste. Ivy, de son côté, découvre, avec un ami de Vlad, Woodrow, les plaisirs des communautés virtuelles, par le biais de la plateforme « Second World »…

Par fredgri, le 13 août 2023

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Notre avis sur Doubles Vies

Une petite surprise en ce mois d’Avril, avec cette traduction de Peter Bagge chez Huber.
On ne présente pratiquement plus Bagge, l’un des représentants de cette vague d’auteurs qui a déferlé sur le marché indépendant américain dans les années 90, qui proposait des récits majoritairement autobiographiques ou très fortement inspirés de leurs propres expériences. Les personnages de Bagge ayant juste la mauvaise habitude de auto-flageller dans un délire nombriliste pathétique. Cependant, cette approche a aussi eu l’avantage de nous présenter des portraits sincères et sans complaisance, le tout accompagné d’un graphisme plus expressif.

Dans ce nouvel album, nous suivons donc Vlad le journaliste, derrière lequel Bagge se révèle petit à petit, comme si Vlad n’était qu’un avatar, à l’exemple de ceux au travers desquels se cachent les personnages de l’histoire eux-même. On comprend assez vite que cette histoire d’article en préparation n’est qu’un prétexte pour aborder la problématique des multiples identités qui s’est progressivement développée avec l’émergence des réseaux sociaux, des forums ou autres messageries privées.
A travers une intrigue assez tordue, Bagge confronte son lecteur à ce décalage qui s’est glissé dans les rapports humains, avec ces gens cachés derrière des pseudo, derrière des personnages fictifs qui transcendent leur existence.

Malgré tout, il ne lance pas vraiment de grands débats, préférant s’intéresser aux effets, plus qu’à un discours trop intellectualisant qu’il évite le plus possible.
Ce qui donne un album extrêmement plaisant, avec ce qu’il faut d’humour, de petites pointes de cynisme et cet esprit propre au travail de Bagge.
Tous les fans de l’auteur sauront donc apprécier cette petite sortie passée malheureusement quelque peu inaperçue.

Par FredGri, le 13 août 2023

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