Droit d'asile

 
Vartan, Roberto, Suthakaran et Abdula sont quatre adolescents arrivés en France pour avoir fui la guerre ou la pauvreté. Demandeurs d’asile isolés, c’est au Foyer du Jeune Homme de Strasbourg qu’Étienne Gendrin les a rencontrés, questionnés et écoutés avant de mettre en images dans sa toute première bande dessinée leurs témoignages : ceux de gamins dans leur droit d’être pleins d’espoir !
 

Par sylvestre, le 1 mai 2011

Notre avis sur Droit d’asile

 
Les reconduites à la frontière sont en France parfois médiatisées, mais la plupart se font dans l’indifférence la plus totale. Parmi les personnes refoulées, parmi ces sans-papiers, combien d’hommes, de femmes et d’enfants, combien de familles ont-elles été renvoyées dans l’enfer qu’elles avaient fui ? Des rapports comme ceux de la Cimade font froid dans le dos, dénonçant des aberrations administratives et humaines, pointant du doigt des erreurs qui pour les uns ne sont que des chiffres quand pour les autres, c’est parfois la mort à la descente de l’avion…

Les sans-papiers… Le droit d’asile… L’immigration… Ces thèmes sont souvent tabou, mais c’est par eux qu’Étienne Gendrin a eu le courage d’entrer dans son statut d’auteur de bandes dessinées. En nous dressant le portrait de quatre jeunes (un Russe, un Azéri, un Sri Lankais et un Angolais de l’enclave du Cabinda), il met un visage et une histoire sur quatre représentants de tous ceux dont on n’aura jamais rien su mais qui auront connu le même genre de parcours. Et dans son genre, il milite et informe. Il fait par exemple pédagogiquement le point sur certaines choses, voire sur certains détails pratiques, comme nous rappeler que la loi française exige que soient pris en charge les enfants isolés sans papiers, ou comme lever un voile sur cette méthode (jugée imparfaite même par ceux qui l’utilisent) qui permet d’avoir une idée sur l’âge d’un sans-papiers, épreuve cruciale qui protègera ou non, justement en fonction de son âge, celui qui est radiographié ; une démarche pseudo-scientifique qui n’est pas sans rappeler, dans une autre mesure, celles des nazis qui se targuaient de pouvoir reconnaître un juif à la seule forme de son nez ou à toute autre spécificité faciale discutable…

Droit d’asile est en tout cela un nouveau titre nécessaire des éditions Des ronds dans l’O, une maison connue pour appuyer là où ça fait mal ! C’est également bien sûr un hommage et des encouragements aux quatre gamins racontés. C’est enfin la découverte d’un jeune auteur qui a su prendre le temps, qui a su être à l’écoute, et dont la sincérité de la démarche transparaît dans ces quelque quatre-vingt-dix planches au fil desquelles il nous guide jusqu’à une conclusion heureuse qu’on espère contagieuse.
 

Par Sylvestre, le 23 mai 2011

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