DU SANG DANS LA CLAIRIÈRE

Aux lendemains de la défaite de la France en 1940, un groupe de jeunes gens décide de rentrer en résistance dans un Paris occupé, formant le Groupe Manouchian dit de « l’Affiche rouge ». Ils vont peu à peu s’organiser, risquant à chaque instant l’arrestation, la torture et la mort.

Par v-degache, le 29 novembre 2023

Notre avis sur DU SANG DANS LA CLAIRIÈRE

Du sang dans la clairière s’ouvre en août 1941, dans un Paris occupé, avec le placardage de l’avis d’exécution, au Mont-Valérien, des résistants Honoré d’Estienne d’Orves, Maurice Barlier et Jan Doornik, en représailles à l’assassinat de l’aspirant de marine Alfons Moser par Pierre Georges, futur « Colonel Fabien ».

Le jeune Marcel Rajman, juif polonais, et ses camarades décident alors de poursuivre leurs actes de résistance, au mépris des risques encourus, rejoignant bientôt les FTP-MOI (Francs-Tireurs et Partisans – Main d’œuvre immigrée) et le « Groupe Manouchian », et basculant dans la lutte armée. On retrouve dans l’album les passages forts de la Rafle du Vel’d’Hiv du 16 et 17 juillet 1942, ainsi que de l’assassinat du Colonel SS Julius Ritter le 28 septembre 1943 par Marcel Rajman et ses compagnons, mais c’est globalement la qualité de l’ensemble du traitement de cette vie de clandestinité dans la capitale qui est à souligner !

Scénarisé par deux historiens, Antoine Grande, Directeur du Musée départemental de la Résistance et de la Déportation de la Haute-Garonne, et Tal Bruttman, spécialiste de la Shoah et des politiques antisémites en France durant la seconde mondiale, l’ouvrage retrace ce combat à l’issue funeste, rendant hommage à ces jeunes hommes et femmes qui vont donner leur vie au nom de leurs idéaux de liberté et de leur engagement au sein du Parti Communiste, malgré leurs origines et religions diverses.

Le choix d’Efix au dessin peut tout d’abord surprendre par son graphisme semi-réaliste et rond, mais il parvient à impulser une dynamique constante, et à nous emmener dans le quotidien périlleux de ces héros de l’ombre.

Edité par Ouest-France, parallèlement à la sortie d’un autre ouvrage consacré à la Résistance : Isidore et Simone, l’ouvrage est haletant par cette traque incessante où le groupe risque l’arrestation à tout moment. La force de cet engagement, au nom de valeurs universelles face à la barbarie nazie, est toujours traitée avec pudeur, finesse, et intelligence, jusqu’au dénouement final au Mont-Valérien, principal lieu d’exécution par l’armée allemande de résistants condamnés à mort et d’otages pendant la 2nde Guerre mondiale, dont les noms des victimes de la « clairière » s’égrènent effroyablement en début et fin d’ouvrage.

Publié sous le patronage de l’ONACVG, de la Fondation pour la mémoire de la Shoah, et du Mont-Valérien, Du sang dans la clairière s’impose comme un des albums essentiels de ces dernières année sur la Résistance durant la 2nde guerre mondiale ! Une lecture plus que recommandée, afin de revivre, à travers notamment la figure de Marcel Rajman, l’histoire du célèbre groupe de résistants formé par Missak Manouchian, qui entrera au Panthéon avec son épouse Mélinée en février 2024.

Par V. DEGACHE, le 29 novembre 2023

Publicité