Échecs

Samir est dans le métro. Lors d’un arrêt, il est subjugué par une jeune femme qui joue de la guitare au pied d’une colonne. Mais la fermeture des portes l’empêche de profiter de sa vision. Marion, quant à elle, s’escrime à corriger les mauvaises habitudes de l’une de ses vieilles pensionnaires qui n’en fait qu’à sa tête. Par ailleurs, Mathieu, comédien de grand renom surnommé le King auquel la gent féminine fait les yeux doux, est las de son train de vie qui efface totalement sa véritable personnalité. D’un autre côté, Julie s’est fiancée mais son engagement vis-à-vis de son compagnon bat de l’aile tant la routine s’est installée entre eux. Pour sa part, Lys, musicienne de rue a l’esprit volage. Elle collectionne les amants d’un soir et évite à tout prix de se lancer dans une relation à long terme. Vincent est un vainqueur né et fait l’admiration de ses copains, et évidemment de ses conquêtes. Et puis, il y a Benoît et son épouse qui vivent une relation où la passion n’a plus sa place. Et enfin, Renaud, jeune marié, dont Daniel son compagnon travaille pour une ONG à l’autre bout de la Terre. Tous jouent une partie sur l’échiquier de leur vie ? Sauront-ils la gagner ou la perdre ?

Par phibes, le 22 août 2023

Lire les premières pages de Échecs

2 avis sur Échecs

Le Madrilène Victor L. Pinel est de retour avec un imposant album de 176 pages, Échecs, dont il assure le dessin, mais aussi, et pour la première fois, le scénario !

Samir, bénévole en EHPAD pour tenir compagnie aux personnes âgées, fait la rencontre de la redoutable Madame Dubois, qui refuse obstinément de quitter sa chambre, rêvant de cigares et de cognac… Les échecs vont permettre de détendre l’atmosphère, la vieille dame acceptant d’apprendre à jouer au garçon.

L’auteur du Plongeon, dans lequel on retrouvait déjà cet attrait de l’auteur pour ce qui se trame dans les maisons de retraite, tisse alors un récit choral, flirtant avec le crossover, en suivant plusieurs personnages dont la vie sentimentale et amoureuse s’apparente à une partie d’échecs. Couple gay séparé par la distance, tombeur du lycée se posant des questions existentielles, vieux ménage s’interrogeant sur l’état actuel de leur mariage, star du petit écran obligé d’endosser un rôle qui ne lui correspond pas, ou bien jeune femme libre aux multiples relations mais en quête du vrai amour, composent ainsi cette riche galerie de personnalités, travaillées avec soin par l’Espagnol, jouant une sorte de partie d’échecs, dont la vie serait l’échiquier.

On retrouve cette faculté de Pinel à croquer avec réalisme et conviction les situations du quotidien, des scènes à la fois banales mais pouvant bouleverser la vie de tout un chacun. Mis à part l’acteur vedette qui décide de créer un faux profil sur une appli de rencontre afin de connaître une « vraie » relation, les autres personnages fonctionnent. Le récit, au départ un peu difficile à suivre à cause de la multitude de protagonistes qui se déploient sur cet échiquier factice, s’éclaircit peu à peu, et le scénario évite de tomber dans une écriture où les rebondissements s’enchaineraient au détour de chaque planche. Le dessin aéré, joyeux, joliment mis en valeur par une colorisation sobre et efficace, ne fait qu’augmenter le plaisir de lecture. Force est de constater que cette première intrusion du côté du scénario est une réussite, et on pardonnera volontiers à Victor L. Pinel quelques rares passages et situations un peu caricaturaux !

Amateurs de Michel Bussi, passez votre chemin, ce ne sont ici que les simples difficultés et questionnements de la vie qui font d’Échecs un récit passionnant, que l’on dévore d’une traite.

La métaphore avec les échecs, même si elle fonctionne pleinement, n’est ici qu’un simple artifice pour parler de la vraie vie, et à faire de celle-ci une aventure du quotidien, intergénérationnelle, sous les trait et les mots du très bon Victor L. Pinel !

Par V. DEGACHE, le 23 août 2023

Pour la première fois dans sa carrière, Victor L. Pinel s’est lancé en solo dans une aventure humaine contemporaine qui a la particularité de faire croiser de nombreux personnages (pas moins de neuf). Ces derniers que l’on peut découvrir sur la couverture de l’album se doivent de se livrer dans un moment de leur vie, où rien n’est simple pour chacun et qui préfigure une remise en question.

Telles des pièces spécifiques d’un échiquier, Samir, Marion, Mathieu, Julie, Lys, Vincent, Benoît et sa compagne, et Renaud ont donc une partie à jouer durant laquelle ils vont mettre en exergue plus ou moins rapidement le malaise inhérent à leurs relations personnelles. Aussi, l’auteur ne s’embarrasse pas de transitions, préférant nous associer à une multitude de tranches de vie juxtaposées, à première vue sans lien apparent. L’articulation est volontairement abrupte et la métaphore utilisée (jeu d’échecs / existence) est des plus intéressantes.

Avec une prépondérance donnée à Samir et à Madame Dubois, Victor L. Pinel fait avancer ses pions en démontrant au fil des pages une réelle structure subtilement travaillée. Le récit choral mis en avant se révèle dans sa justesse, via des scènes de couples ô combien réelles, mettant en avant des personnages qui suscitent tous un véritable attachement. Chaque histoire relationnelle a le privilège de se confondre aux règles des échecs et transmet des messages multiples qui peuvent se révéler soit dans leur positivité soit dans un revers indéniable.

Il ne fait aucun doute que le travail graphique bénéficie d’une qualité qui rehausse l’intérêt de cet album. L’artiste démontre une belle maîtrise de son univers finement croqué mettant en avant des personnages d’une grande expressivité et d’une sympathie confondante. Idem pour les arrière-plans qui englobent juste ce qu’il faut les agissements des pions humanisés, soulignant une rigueur employée non négligeable.

Un excellent roman graphique, à la fois très bien écrit et mis en images avec beaucoup de tact. Ça donne réellement envie de refaire une partie !

Par Phibes, le 24 août 2023

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