Ecumes

Je dois bien dire qu’au moment d’écrire cette petite chronique, je reste encore touché par la justesse de ce très bel album qui explore les espoirs d’un couple de femmes qui attende l’arrivée d’un enfant, la douleur qui s’ensuit et la reconstruction de la mère qui apprend à se donner de nouveaux objectifs, à renaître à sa façon, en quelque sorte !

L’écriture est très subtile, absolument pas de voyeurisme, loin de là. On reste près des deux femmes, on suit dans leurs yeux cette nouvelle qui les transforme, on reste en retrait quand tout s’effondre, il y a des silences, des cadrages qui s’élargissent sans tomber dans le pathos trop démonstratif. C’est d’une grande finesse et l’émotion se devine par petite touche, sans trop en faire. C’est incroyablement touchant.

Ingrid Chabbert reste dans l’épure, dans la sobriété, elle témoigne de cet épisode qui semble lui être très intime, très personnel. Mais elle construit un récit qui refuse le pessimisme, et encore moins l’apitoiement. La jeune femme qui est au centre de l’histoire passe par des phases qu’on devine difficiles, elle s’interroge, elle a besoin d’entendre les autres, de se retrouver et de sortir de l’engrenage qu’elle veut absolument éviter. Le message n’est pas moralisateur, il se nourrit d’espoir en l’après, en l’amour, en l’autre qui se tient aux côtés de cette femme meurtrie… Ces regards, ces mots, ces étreintes…

Un album très pudique, formidablement mis en images par Carole Maurel. L’artiste joue habilement avec les ambiances colorées, l’espace de sa case ou se glissent des silences palpables, subtilement dosés.
Du très beau boulot !

Vous l’avez compris, un album qui ne laisse pas indifférent…

Très recommandé !

Par FredGri, le 27 février 2017