Ed Gein

Edward Théodore Gein aurait pu se fondre dans la masse populeuse du Wisconsin s’il n’avait pas, dans les années 50, perpétré des abominations d’une rare violence. Surnommé le boucher de Plainfield, son cas fait l’objet d’un réexamen judiciaire. A ce titre, un jeune journaliste, qui, dans sa jeunesse, a eu l’occasion de côtoyer l’inculpé, couvre l’évènement et organise, pour la rédaction de son article, une revisite de ce cas psychologiquement torturé qui enflamma l’Amérique toute entière.
 

Par phibes, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur Ed Gein

Un mois après la sortie de "L’étrangleur de Boston" (mars 2009), la collection "Sérial Killer" de chez Soleil s’entiche d’un nouveau dossier ayant trait à un autre cas de tueur en série dont la macabre notoriété dépassa également les limites frontalières des Etats-Unis. En effet, est évoquée ici, dans ce one-shot, l’affaire de celui qui, par ses actes morbides, se vit surnommé le boucher de Plainfield.

Pour ce faire, Dobbs, scénariste mis à l’honneur ce mois-ci puisqu’il sort en même temps que le présent album, le premier opus d’une série policière "Welcome to paradise" chez Carabas, s’accapare de ce fait divers relativement ancien et hautement horrifiant pour en faire une évocation simple et efficace. Sans rentrer dans le jeu du tape-à-l’œil "hémoglobineux", il met un point d’honneur à porter à la connaissance du lecteur les faits reprochés au concerné dans des retours en arrière habilement disséminés et d’expliciter les raisons morbides de ses actes au travers d’une enquête journalistique.

L’évocation s’attache plus particulièrement et sans excès, aux investigations policières et psychiatriques somme toute rondement menées mais surtout à l’univers géographique et familial implacable d’Ed Gein. Par ailleurs, au travers de dialogues chocs suggestifs et des scènes allusives qui vont crescendo, il fait toucher du doigt l’ambivalence du personnage, à la fois normal de l’extérieur et cassé de l’intérieur, perdu dans les méandres de son univers affectif désordonné et de ses actions les plus affreuses (dépeçages en l’honneur d’une mère tortionnaire).

Les graphiques d’Alessandro Nespolino, qui produit semble-t-il sa première bande dessinée française, sont en totale adéquation avec le travail scénaristique de Dobbs. S’exposant sous la forme d’une réalité probante, ce napolitain d’origine fait un étalage de vignettes d’une restitution picturale envoûtante, faisant bien ressentir l’horreur dans toute sa puissance sans verser dans le gore. Il parvient lui aussi, grâce à son trait bien maîtrisé qu’il a assurément peaufiné chez l’éditeur italien Star Comics sur la série "Lazarus Led", à jouer sur la représentation ambiguë du boucher au travers d’époques différentes parfaitement marquées.

Un très bon album, bien construit et sans effet tapageur, riche en émotions, sur un personnage inquiétant dont les actes effrayants inspirèrent le cinéma d’horreur ("Psychose", "Massacre à la tronçonneuse", "Le silence des agneaux"…).
 

Par Phibes, le 24 mai 2009

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