ELFES
Le Jugement de la fosse
Prônant la négociation avec les marchands humains, le conseiller Urghain s’est vu renié par ses pairs au sein du Conseil semi-Elfe de la cité forteresse de Trein Er’Madenn Fern. Totalement écœuré par cette position protectionniste confortée par le premier conseiller Thorn’un, il décide d’abandonner son poste. En compagnie de ses deux amis Heymy-li et Fergon, ils retrouvent Gallah-Teern, un marchand humain qui bivouaque sur la côte et qui espère une offre commerciale des semi-Elfes. Urghain lui fait part de l’échec de sa requête au Conseil et provoque ainsi la colère du marchand. Alors que la rixe devient inévitable, elle est toutefois tempérée par l’arrivée du patron de la flottille dont dépend le négociant. Tandis qu’Urghain retourne sur ses pas, le vénal Gallah-Teern, ruminant son revers commercial, décide de se venger des semi-Elfes. Pour cela, il va profiter du mauvais geste perpétré par le Conseiller sur un partisan de Thorn’un et de sa condamnation à la fosse, pour jouer son pion, un forgeron géant particulièrement sournois.
Par phibes, le 15 juillet 2016
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Scénariste :
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dessinateur :
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Éditeur :
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Collection s :
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Sortie :
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ISBN :
9782302051911
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Notre avis sur ELFES #14 – Le Jugement de la fosse
Après L’élu des semi-Elfes (tome 4) et Le siège de Candala (tome 9), Eric Corbeyran fait une nouvelle incursion dans la saga initiée par Jean-Luc Istin. Assurément inspiré par ce monde exotique, l’artiste nous offre une nouvelle épopée qui touche au fameux monde d’Arran, grevé par l’agression massive de morts-vivants assoiffés de sang.
Pour les besoins de ce quatorzième épisode, l’artiste fait une sorte de crochet dans l’histoire générale d’invasion monstrueuse pour se focaliser sur le peuple des semi-elfes (qu’il connaît bien) et sur leur forteresse-Etat Trein Er’Madenn Fern dont on a pu découvrir l’émergence dans le quatrième tome de la série. Fort de ce cadre de fait familier et sous le couvert d’un prologue particulièrement sanglant, Eric Corbeyran plante son sujet en mettant en exergue un personnage clé ambitieux, un politique partisan du libre-échange dont la destinée va alimenter l’intrigue. Contrairement à ce que peut faire croire le premier de couverture, on pourra être assez surpris de ne pas suivre une jeune femme mais plutôt un être métissé à la stature massive, Urghain, qui va avoir la douloureuse spécificité de vivre des péripéties dramatiques.
Certes un peu moins emballante que la plupart des aventures précédentes, peut-être dû au manque de charisme d’Urghain malgré son gabarit puissant, cette histoire, structurée visiblement avec un prologue, un développement et un épilogue, a tout de même l’avantage de s’inscrire généreusement dans ce monde multiethnique soumis à la volonté expansionniste de la sinistre nécromancienne Lah’saa. Aussi, le récit, de par sa gravité et son côté sanguinolent, cultive une noirceur bien accrocheuse et entraîne le lecteur vers une finalité en totale corrélation avec les tomes antérieurs. Il va de soi que le déroulement, reposant sur l’application d’un piège insidieux et des alliances très inquiétantes, est efficace et malmène sans retenu et le personnage central et les résidents de la forteresse semi-elfe.
Intervenant pour la première fois dans la série, Bojan Vukic, à qui on doit, dans la collection 1800, la mise en images des diptyques des Grands Anciens et du Retour de Dorian Gray, démontre une très bonne maîtrise de son art. Son trait se veut cohérent avec le graphisme des autres épisodes, se jouant d’un réalisme exotique très agréable et manifestement détaillé. Ses personnages se révèlent en particulier par leur puissance physique démesurée, qui, pour Urghain, détonne un tantinet avec sa fonction. Les scènes de violence sont extrêmes et sont réellement marquantes. A noter une fois de plus que la colorisation réalisée par Digikore Studios est d’une très grande qualité et donne un relief très avantageux au dessin.
Un nouveau focus tragique sur le peuple des semi-Elfes qui a certes son intérêt mais qui reste perceptiblement un ton en dessous des autres épisodes.
Par Phibes, le 15 juillet 2016
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