Elisa

Ils étaient trois, inséparables : Rachel, Daniel et Elisa. Ils avaient passé le bac ensemble, et puis Rachel avait dû quitter leur petite ville pour aller étudier à Paris. Peu de temps après, elle est revenue faire coucou, mais avec Elisa, lors d’une soirée, elles se sont chamaillées. Rachel est repartie en voiture, et Elisa, elle, s’est incrustée dans un groupe de gens plus âgés qu’elle, qu’elle ne connaissait pas, finissant la soirée et passant la nuit chez un certain Antoine auquel elle s’accrochera par la suite…

Le lendemain, quand Elisa est retournée chez ses parents, elle a trouvé sa mère en pleurs et a appris que Rachel avait eu un accident mortel. Le choc fut terrible pour Elisa qui comptait sur l’amitié de son amie de toujours pour avancer dans la vie ; une vie qui désormais allait être pour elle une véritable quête de stabilité…
 

Par sylvestre, le 15 février 2010

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Notre avis sur Elisa

Elisa est le deuxième titre, après Lettres d’Agathe, que Nathalie Ferlut signe dans la collection Mirages des éditions Delcourt. Avec le même style graphique, avec le même dessin au lavis d’encre de Chine joliment colorisé par Thierry Leprévost, l’auteure, Angoumoisine d’adoption, nous conte une nouvelle histoire où les questions mènent plus au doute et à la tristesse qu’à leurs joyeux contraires.

Très proche de ses personnages qu’elle n’hésite pas à faire partir dans de riches dialogues qui leur donnent une vraie consistance, une vraie vie, Nathalie Ferlut cadre extrêmement serré. Tant et si bien qu’à part lorsqu’une barre d’immeuble ou une vue urbaine précise le type de secteur où l’histoire se passe, rien ne précise à quelle petite ville on a affaire. Une petite ville sans réel intérêt, c’est ce qu’on doit en retenir. Le cadre parfait pour voir évoluer une adolescente lambda entre l’irresponsabilité de l’enfance et l’entrée dans la vie adulte qu’on ne peut pas repousser éternellement… Une petite ville anonyme comme pour, aussi, que les lecteurs et lectrices du même âge qu’Elisa aient des facilités à se comparer à elle ; avec ses doutes et ses craintes, légitimes, mais avec aussi ces coups de sang typiques de l’âge en question. Une manière pour l’auteure d’intéresser encore plus à son histoire…
 
La substantifique moëlle du récit est donc à chercher avec et en les personnages. On la trouve dans le large éventail des relations qui nous sont montrées. Relations inter-adolescentes, relations ado-adultes… Relations entre vivants et morts, aussi, avec ces quelques séquences où la défunte Rachel est re-matérialisée aux côtés d’Elisa. Oui, les personnages sont importants. C’est pour cela aussi que Daniel est en son genre intéressant : il est très important aussi, élément d’un triangle amoureux, et pourtant il est très absent ; des vignettes, en tout cas. Le personnage d’Antoine aussi a sa force : il est un lien pour Elisa entre l’adolescence et l’âge adulte, entre le passé et le futur. Il camperait le symbole de ce qu’Elisa peut vouloir construire mais qu’elle veut aussi pouvoir à tout moment délaisser.

Compliqué sans l’être… C’est un peu comme cela qu’est l’album Elisa. Un peu comme la vie, quoi. Que Nathalie Ferlut parvient à peindre et à raconter avec justesse et profondeur.
 

Par Sylvestre, le 15 février 2010

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