Elle a fait un bébé toute seule

En janvier 2014, Leah, célibataire et scénariste de métier, peut se vanter d’avoir un train de vie bien soutenu. Toutefois, ayant atteint l’âge de 36 ans, la jeune femme s’interroge sur le fait qu’elle n’a toujours pas d’enfant et qu’elle ne conçoit pas poursuivre son existence sans. Aussi, se décide-t-elle à avoir un enfant coûte que coûte. Si elle ne trouve pas un nouveau compagnon, elle le fera toute seule. Mais pour ça, un parcours bien tourmenté l’attend car la législation ne favorise pas forcément sa démarche pour devenir maman.

Par phibes, le 9 janvier 2023

Notre avis sur Elle a fait un bébé toute seule

Journaliste de métier et romancière à ses heures (Jacques l’enfant caché, Rêveur des halles…), Emmanuelle Friedmann fait son entrée dans l’univers du 9ème art en compagnie de l’illustratrice Sophie Ruffieux (Florence Arthaud, femme libre, Ta deuxième vie commence lorsque tu comprends que tu en as qu’une…). Ensemble, elles nous sensibilisent au parcours fictionnel de Leah, une jeune femme célibataire de 36 ans qui a décidé de devenir maman.

Pour bien camper son histoire, la scénariste a pris le parti de la situer antérieurement à 2021, année durant laquelle l’accès à la PMA (procréation médicalement assistée) a été étendu aux couples formés de 2 femmes ou aux femmes non mariées. Par ce biais et via les pérégrinations de Leah, elle nous dévoile les difficultés énormes voire les interdits auxquels étaient assujetties les candidates à une future maternité.

Aussi, l’on concèdera que l’histoire de Leah est un sympathique exemple sur cette quête douloureuse qui ressemble plus à un parcours du combattant qu’à une promenade de santé. Fort d’une tonalité bien empathique, le récit dont il est question se veut d’une belle humanité, servie par un personnage délicat, auquel on peut s’identifier assez facilement. Leah trouve donc les mots, les expressions, les situations psychologiques qui préfigurent les épreuves de ces femmes qui ont dû batailler ferme, certaines durement jusqu’au bout, pour avoir un enfant. On restera donc sensible à son chemin, accroché à ses espoirs et malheureusement à ses désillusions, gérés avec beaucoup d’émotions.

La partie graphique conforte allègrement ce sentiment d’attachement vis-à-vis de Leah et de son petit univers. Sophie Ruffieux fait étalage d’un beau savoir-faire, d’une maîtrise artistique qui rend ses personnages presque authentiques, d’une fraîcheur spirituelle vraiment attrayante. On ne peut que saluer le coup de crayon aiguisé de l’artiste qui a la particularité de bien saisir les expressions, les attitudes, les mimiques de ses protagonistes et les intégrer dans un cadre parfaitement bien géré.

Digne clin d’œil à la chanson de Jean-Jacques Goldman, cette histoire émouvante et engageante se veut un très bon moment de lecture.

Par Phibes, le 9 janvier 2023

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