Elric, le navigateur sur les mers du destin

(Elric, The sailor on the seas of fate 1 à 7)
Fuyant les troupes envoyées par le gouverneur de Ryfel, Elric se retrouve à errer sur les bord d’un étrange océan. Il est recueilli par un navire qui parcours les « Mers du Destin », naviguant entre le Temps et les Dimensions parallèles. A son bord, il rencontre Corum, Erekosë et Hawkmoon, des incarnations du Champion Éternel, comme l’est Elric lui-même. Le mystérieux capitaine leur révèle donc qu’une mission importante les attend, ils vont devoir rejoindre la mythique île de Tanelorn pour y affronter les sorciers jumeaux Agak et Gagak. Un combat qui l’amène à fusionner avec ses trois autres compagnons et déployer des forces qui dépassent l’entendement…
Plus tard, une fois la mission accomplie, Elric continue seul sa route et se retrouve sur le rivage d’un pays inconnu ou il fait la connaissance du Comte Smiorgan Tête-Chauve. Très vite, ils découvrent une jeune femme nommée Vassliss qui fuit, elle aussi, un sorcier qui veut la ramener avec lui.
Malgré tout, Elric ne veut qu’une seule chose, revenir dans son monde. Pour cela il va devoir traverser la Porte Écarlate…

Par fredgri, le 6 mars 2024

Notre avis sur Elric, le navigateur sur les mers du destin

Si le premier album d’Elric nous transportait dans une passionnante aventure teintée de mysticisme, ce nouveau volume (qui adapte donc le roman « The sailor on the seas of fate », écrit en 76, un recueil de nouvelles assez tardif dans le Cycle d’Elric) nous plonge au cœur du concept du Champion Éternel, figure centrale de l’univers de Michael Moorcock, qui s’incarne à travers plusieurs héros dont Elric, Corum, Dorian Hawkmoon et Erekosé qui sont mis en scène ici. L’idée étant de créer un pont entre toutes les séries de l’écrivain qui voulait amener une certaine cohérence, l’éternel combat d’un héros sacré à travers le multivers.
Même s’il n’est pas nécessaire d’avoir lu les différents cycles dont il est fait référence dans ces pages, je conseille de creuser un tout petit peu en marge, ça peut être utile pour mieux connaître chacun des personnages.

Toutefois, bien que l’on soit véritablement dans un récit de Fantasy, il faut bien reconnaître que Moorcock repousse très adroitement les limites du genre en y mêlant des éléments de SF assez pointus sur la notion de dimensions alternatives, sur les incarnations… Le scénario prend alors des allures plus complexes ou il faut quand même s’accrocher, avant de retrouver des pistes plus « classiques » ensuite, plus épiques.
Le travail d’adaptation de Roy Thomas est volontairement très fidèle au texte original, et on s’en rend compte par la précision des retranscriptions, un ton plus soutenu, plus littéraire, mais surtout la fluidité de l’ensemble. Il prend son temps pour bien séparer tous les éléments, rendre le tout plus accessible. Grâce à cela, on est complètement happé par l’intrigue et ses enjeux, par l’audace de l’histoire et ce qu’elle implique pour les héros et ce qui les lie.

Elric reste au centre du récit. Il ne correspond cependant plus aux canons du genre, ni héros manichéen trop lisse, ni personnage bassement matérialiste, il dresse le profil plus ambigüe d’un être qui se redéfinit progressivement au contact de ses alter égos multi-dimentionnels, mais qui n’oublie pas son passé, ceux qu’il aime… Il prend petit à petit conscience de son rôle sur un plan supérieur qui le dépasse encore.

Alors, en effet, il faut se laisser porter par cette lecture, comprendre qu’elle n’est qu’un élément dans un tout et que le parcours du personnage est loin d’être terminé. Malgré tout, C’est certainement l’une des plus belles surprises de ce début d’année, notamment grâce aussi à la virtuosité graphique dont font une nouvelle fois preuve Michael T. Gilbert et George Freeman.
Les planches sont majoritairement sublimes, les crayonnés de Gilbert sont transcendés par l’encrage de Freeman qui rajoute une dimension esthétique incroyable. Un duo au sommet de sa collaboration ou la force de chacun est mise au service de l’autre. J’ai d’abord feuilleté pour m’immerger dans ces ambiances avant de savourer les textes.

Une très belle adaptation pour servir l’imagination d’un des grands maîtres de la Fantasy.
Très vivement conseillé, bien sur.

Par FredGri, le 6 mars 2024

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