Emma G. Wildford

Voilà un pitch de départ qui pourrait s’avérer bien commun si ce n’était Zidrou a la création du scénario. Bien loin de se cantonner à la surface d’une aventure avec une Indiana Jones en jupons partie sur les traces de son fiancé et du tombeau d’une déesse Sami, il crée des personnages bouleversants de vérité, attachants, même pour certains dans leur médiocrité et le mépris qu’ils pourraient inspirer.
Entre la sincérité juvénile d’Emma, son enthousiasme qui bouscule les conventions, sa volonté qui l’affranchi des limites imposées aux femmes et le poids d’une société encore patriarcale, même si la bonne société anglaise était plutôt avancée en terme de libération de la femme, le chemin que va parcourir la jeune femme l’amènera bien au-delà de l’ile d’Ukonkivi.

De la chaleur anglaise de cet été très particulier en Essex, aux neiges et au froid polaire du bout de la Finlande, c’est bien une quête sur l’absence qu’entreprends Emma, bien au-delà de son fiancé, c’est un manque qu’elle cherche à combler, celui d’une mère qui est partie avec le jardinier alors qu’elle n’avait que six ans, qu’elle n’a jamais revue et cette expédition qu’elle entreprend est une magnifique ellipse de sa vie, un chemin entre sa mère et une déesse protectrice.
Jeune femme délurée,

Ce scénario semble taillé sur mesure à la sensibilité d’Edith qui met en scène avec une grande délicatesse de trait une jeune femme délurée entre une ambiance très Downton Abbey et une ambiance région polaire.
Zidrou offre à la dessinatrice l’occasion de développer une palette graphique à la fois grandiose et intimiste qui laisse affleurer avec discrétion une palette de sentiments.

Ajoutons le très grand soin apporté à l’album, présenté sous forme d’un carnet à l’intérieur d’un très beau coffret où se sont glissés quelques éléments témoins de ce voyage qui vous emportera sur les traces d’Emma G. Wildford.

Par Olivier, le 2 novembre 2017