EMMANUELLE
L'anti-vierge

Il aura fallu 12 ans pour que Crepax livre la suite de son adaptation d’Emmanuelle d’E. Arsan !
Avec ce second volume on suit la belle jeune femme qui n’hésite pas à s’offrir à qui le désire, qui explore les jeu de la séduction, de sa féminité, de ses limites.
Toutefois, la narration de Crepax est extrêmement plate et épurée, ce qui rend difficile de ressentir la moindre sensualité. Et c’est un comble dans ce cas précis, car c’est justement le fond du propos, décrire les aventures extra-conjugales d’une jeune beauté au corps d’une beauté quasi-hypnotique !

Mais Crepax n’a plus la même inventivité qu’auparavant, son trait s’est encore plus figé, ses cadrages sont faussement audacieux, basculant le lecteur de gauche à droite, sans réelle imagination, et les corps ne sont là, à priori, que pour mettre en valeur les robes que dessine l’artiste avec bien plus d’inspiration que pour les êtres humains !!! Ce qui donne un album assez nonchalant qui ne touche pas.
On suit les péripéties de cette sculpturale bourgeoise sans âme au grès des planches froides et molles. On voit bien se glisser deçi delà des vestiges de la virtuosité d’antan, mais le charme n’opère définitivement plus et c’est dommage, car il y avait matière à proposer une fête des sens, des formes, de jouer avec les silhouettes, les regards…

Alors on n’entre jamais réellement dans cette histoire qui a peut-être mal vieilli, qui nous propose le reflet d’une époque révolue, pleine de ce souffre retenu… On imagine encore la voix de Pierre Bachelet, mais c’est à peine tout !

Étrange voyage pour initié !

Par FredGri, le 11 juillet 2015