EMPIRES
La Compagnie du Loup Gris

Même s’il est à fond sur le Monde d’Aquilon et ses multiples races (elfes, nains, orcs & gobelins et humains), Nicolas Jarry parvient à alimenter la toute nouvelle série fantasy Empires créée chez Oxymore Editions. Après un premier opus qui nous ouvrait les portes de Draal, un monde médiéval constitué de trois Empires, nous revenons dans La Volorée au cœur de laquelle un nouveau personnage va faire parler de lui. Tanycia, tel est son nom, se présente donc à nous via une destinée particulièrement noire ; noire pour sa dureté et noire pour son lien avec le Dieu Sombre et ses fidèles.

Nous redécouvrons la marque de fabrique de Nicolas Jarry, scénariste spécialisé dans la Fantasy ô combien prolifique, au travers d’une copieuse narration intimiste dont il a le secret. Elle se veut l’occasion de faire la connaissance tout d’abord d’un être hybride complexe du fait de sa double nature, promis à la suite de sa conception à vivre des moments douloureux et ensuite d’une nouvelle Compagnie de mercenaires aux missions des plus barbares.

Le récit reste des plus entreprenants, se faisant fort de mettre en avant une histoire d’amour impossible et de naviguer entre les époques, de la naissance à la prise de conscience de la surprenante Tanycia et de ses agissements au sein de la Compagnie. La tonalité de cette évocation demeure on ne peut plus tragique (entre douceur enfantine et cruauté extérieure) et volontairement ensanglantée, le tout sous le couvert d’une entité divine impitoyable et d’un peuple souterrain sournois aux pouvoirs d’infiltration exceptionnel. Il ne fait aucun doute que cette aventure bénéficie d’un beau potentiel et qu’elle parvient à marquer les esprits eu égard à sa noirceur ambiante.

L’histoire de Tanycia a le privilège d’être illustrée par Vax, dessinateur dont le talent n’est plus à démontrer. L’artiste nous invite dans son univers graphique dans une dynamique forte, à la faveur d’un découpage moderne et efficace. Ses personnages sont réellement concluants dans leurs expressions et leurs actions les plus diverses. Idem pour le travail sur les panoramas, médiévalisés à souhait qui dénotent une réelle recherche. Silvia Fabris, à l’appui d’une colorisation volontairement sombre, lui donne un relief des plus gratifiants.

Une vibrante histoire d’un Empire, d’une Compagnie et de ceux qui la composent, prégnante par son obscurité et par son impitoyabilité.

Par Phibes, le 20 novembre 2024