ENCHAÎNÉS - SAISON 2
Tourments

Après une première saison réussie et pleine de surprises, le duo de choc constitué par Joël Callède et Gihef repart pour une nouvelle quadrilogie en remettant sur le tapis les pérégrinations diaboliques de leur personnage de l’ombre. Toujours fidèle à sa mystérieuse noirceur, ce dernier revient pour une nouvelle partie de cartes mortelles qui met dans le même sac quatre nouveaux participants aux origines sociales différentes.

Comme il se doit, ce premier tome est celui de la distribution de jetons dans un tour de table qui a l’avantage de présenter les joueurs malheureux qui vont se combattre sournoisement pour la survie d’un de leurs proches. Si l’enjeu s’éloigne cette fois-ci d’un gain pécuniaire, il reste toutefois des plus motivants pour les participants à un affrontement sans concession possible.

Habilement structurée et bien que la surprise ressentie au premier cycle ne soit plus de mise ici, cette nouvelle évocation reste constante dans le degré d’angoisse qu’elle est censée véhiculer. Joël Callède nous expose les raisons pour lesquelles le quatuor a été sélectionné dans une débauche de tourments qu’affecte douloureusement celui-ci et la façon dont chacun va s’adapter à sa cible. En opposition, le sarcasme et la prise de plaisir de l’organisateur que l’on perçoit au travers de ses pensées les plus intimes et manipulatrices sont oppressants et lourds de conséquence par rapport aux situations conflictuelles qui ne vont pas tarder à se manifester.

L’étude psychologique des quatre personnages est poussée à souhait. Venant d’horizons très distincts (délinquant, politicien, photographe et chirurgien), ces derniers, triés sur volet et au jeu incisif, ont toutefois en commun cette volonté de préserver leur être cher malade coûte que coûte. Cela suffit pour nous réserver des rencontres bien intenses ainsi que quelques surprises ayant trait au tome précédent.

On saluera le travail graphique de Gihef qui, une fois de plus, nous enchante de son authenticité. Utilisant un découpage quelque peu cinématographique, il évoque avec assurance les ambiances américaines grevées par une tragédie qu’il fait enfler progressivement. A ce titre, les personnages sont convaincants dans leurs expressions les plus intimistes et leurs agissements les plus durs.

Un début de partie fracassant et démoniaque où l’on n’hésite pas à jouer une vie pour une vie. Une nouvelle relance qui s’annonce bien noire !

Par Phibes, le 5 octobre 2010