Entre les ombres

Cet album est assez surprenant. Non seulement, Arnaud Boutle ne donne aucune explication, mais en plus ne se sert pas de ce "prétexte" pour nous ressortir tout les poncifs habituels, du genre des zombies, des cannibales etc. Non, ici, nous avons avant tout un homme seul qui, certes, ne comprend pas très bien pourquoi il est le dernier survivant, mais plutôt que d’essayer d’absolument tout comprendre essaye simplement de survivre à sa façon.

En soi, le thème du "seul survivant dans un monde dévasté" n’est pas très nouveau, je dirais même que c’est plutôt à la mode en ce moment. Mais, jusque là, c’est surtout un prétexte pour parler de la fin d’une civilisation, d’un retour à l’état sauvage, ou de parler aussi de l’instinct de survivance. Dans cet album, le "héros" reste un homme civilisé, avec ses habitudes, il veut réécouter de la musique, il veut avoir son petit confort, il reste sensé, et même quand il commence à avoir des visions, son premier réflexe c’est de retomber les pieds sur terre !
Du coup, l’intrigue ne décolle pas vraiment, il s’agit ici d’une suite d’errance dans la ville, d’un homme qui ressasse ses souvenirs, comme s’il n’était, en fin de compte, pas réellement affecté par l’état du monde dans lequel il vit dorénavant. Et la ville n’est plus qu’un décor sans âme. C’est peut-être ce constat que je reprocherais à cet album, ce manque de chaleur, de tension. On a le sentiment de se retrouver dans une longue mélodie douce rythmée par le son des pas d’un homme qui se balade dans un monde perdu, sans histoire, sans tempête.

Néanmoins, je suis aussi tombé sous le charme de ce regard, de ce graphisme au crayon magnifique, de ces cadrages tout en subtilité. "Entre les ombres" est un album d’une incroyable finesse, qui s’apprécie tranquillement, allongé dans un transat, un après midi ensoleillé.

En voulant s’éloigner des sentiers battus, Arnaud Boutle nous a emmené vers une étrange promenade légèrement mélancolique.

Encore merci pour ce moment passé à vos côtés.

Par FredGri, le 4 octobre 2010