Entretiens avec Hergé

Une biographie de Georges Rémi (autrement plus connu, n’est-ce pas, sous le pseudonyme Hergé), biographie agrémentée de commentaires recueillis auprès de lui, et un éditorial signé Numa Sadoul, l’auteur de cet ouvrage, composent la première partie de ce livre.

Puis la place est laissée à la retranscription des entretiens qu’a eus Numa Sadoul avec le père de Tintin. C’est entre le 20 et le 26 octobre 1971 (soit entre les albums Vol 714 pour Sydney et Tintin et les Picaros), que les deux hommes se sont rencontrés. Hergé avait accepté de répondre aux questions de son interlocuteur et cette interview s’est logiquement transformée, vue la durée des échanges, en une véritable conversation, vivante, naturelle, franche, et donc bien agréable à lire. D’autant que le poseur de questions n’hésite pas à y interroger Hergé sur des sujets qui pourraient fâcher ou qui ont intrigué bien du monde, mais les réponses sont formulées sans contournement. Hergé se montre plutôt philosophe, reconnaissant ses torts, ses travers et ses erreurs, les expliquant parfois, les justifiant parfois, mais jamais ne les assumant pas.

Lire Tintin et moi après avoir lu d’autres ouvrages (et ils sont légion !) analysant l’œuvre de Hergé ou s’attachant à étudier l’homme lui-même est une expérience intéressante dans la mesure ou même si l’on sait désormais ce qui s’est passé après ces entretiens, on apprécie "d’entendre" ou de réentendre Hergé himself et non les voix de gens qui veulent en parler.

Hergé est un homme qui apparaît simple, posé. Il a reçu une certaine éducation, a suivi un certain parcours, était cultivé, a toujours été de plus en plus curieux de tout… On lui doit une œuvre remarquable que les Tintinophiles continuent d’étudier sans relâche, même bien longtemps après qu’il nous a quittés.

Par la lecture de ces entretiens illustrés à l’aide de documents peu connus (en tout cas à l’époque de la parution de cet ouvrage), vous revisiterez l’univers de l’auteur, un univers si familier mais cependant sans cesse à redécouvrir. L’iconographie est à cet effet généreuse : extraits de projets inédits, dessins anciens ou dans des styles différents de celui de Tintin, planches de bandes dessinées pour la publicité ou pour des aventures de héros bien moins connus que le petit reporter…
 

Par Sylvestre, le 7 janvier 2010