Ernestine

Ernestine n’a que 9 ans, mais fait déjà montre d’un sacré tempérament. Elle boit, elle fume et joue même au poker en ligne. Elle est crainte de la plupart des enfants et désespère sa mère, qui ne sait plus comment la gérer alors qu’elle doit déjà porter à bout de bras le foyer. Ce n’est pas le père, en effet, qui va l’aider, lui, l’artiste-peintre, qui réclame toujours la tranquillité pour mieux créer, mais sans vendre beaucoup de toiles. Quant au frère d’Ernestine, c’est un ado lymphatique qui, c’est sûr, fait moins de bruit que sa petite soeur ! 

Par legoffe, le 4 février 2024

Notre avis sur Ernestine

Pour sa deuxième BD, Salomé Lahoche frappe fort. Elle a choisi de mettre en scène une fillette détonnante pour mieux parler des affres de notre société. Je vous préviens de suite, ça décoiffe ! Amateurs d’humour au énième de degré et de cynisme à outrance, ce joli album est fait pour vous !

Ne vous fiez pas, en tout cas, à la couverture, toute mignonne. Le style de l’autrice est enfantin et, si l’on excepte la moue d’Ernestine, on se voit déjà plonger dans un livre pour les petits. C’est d’autant plus vrai que l’éditeur a opté pour une couverture épaisse, mate, percée d’un trou qui forme un médaillon pour mieux mettre en valeur l’héroïne. Vous auriez envie de ramener l’album à votre enfants de CP. Mais ce serait une grave erreur…

En effet, à moins de vouloir les inciter à fumer, regarder des films d’horreurs ou fuguer au Brésil, abstenez vous de confier cette bande dessinée à vos chères têtes blondes ! Ernestine est une rebelle, froide (au moins en apparence), calculatrice. Elle a déjà des idées bien arrêtées et n’y va pas par quatre chemins pour défendre (imposer) ses points de vue. 

Cela, d’ailleurs, lui donne une force étonnante. Le lecteur rit de ces situations totalement improbables, décalées, qui sont un condensé de provocations. Mais il s’attache aussi à la gamine, qui, certes, agit sans filtre, mais pas sans raisons. Ne serait-elle pas celle que tout le monde aurait parfois envie d’être, pouvant dire aux autres des vérités que l’on nous conseille de taire ? 

Les sujets abordés parleront, en effet, à tous. La famille, les difficultés d’être un enfant ou un adolescent, mais aussi un parent. Les répliques pince-sans-rire des personnages fusent et claquent, faisant leur effet chaque fois. C’est drôle, pertinent autant qu’impertinent. On a envie aussi de soutenir la maman, la seule encore normale dans la famille, et donner un coup de pied aux fesses du père et du fils, bons boulets sur qui tout semble couler.

Après une telle expérience, oserez vous encore parler de devenir parents ???

Par Legoffe, le 4 février 2024

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