Erostrate
356 av. J.-C., le temple d’Artémis à Éphèse est incendié volontairement par un dénommé Erostrate, avec pour seul motif de devenir ainsi célèbre. Intrigués, les sages d’Éphèse décident alors d’entamer un long dialogue avec lui pour mieux comprendre sa personnalité…
Par fredgri, le 12 décembre 2024
-
Scénariste :
-
dessinateur :
-
Coloriste :
-
Éditeur :
-
Genre s :
-
Sortie :
-
ISBN :
9782205089196
Publicité
Notre avis sur Erostrate
Martin Veyron se fait de plus en plus rare, il faut bien le reconnaître, et cette fois, il nous revient avec une proposition qui colle à la fois assez bien avec ses thèmes de prédilection, tout en étant différente dans la formulation. Certes, on a droit à des dialogues avec un fond de marivaudage, mais il rajoute tout un contexte antique, avec l’évocation de contes mythologiques, de mille et une références aux us et coutumes de la Grèce de Périclès, avec des personnages aussi connus que Socrate, Diogène, Platon, Aristote ou même la belle hétaïre Phryné. L’idée est alors d’évoquer, par le biais de cette « anecdote » historique, un pan de la pensée philosophique grecque avec pour thèmes centraux l’image de soi, l’amour de la beauté, la célébrité autour de la figure du bel Erostrate qui va incendier le temple d’Artémis en espérant que cet acte permettra ainsi à son nom de traverser les siècles.
Une grosse partie de l’album est donc constituée de dialogues édifiants où le jeune homme se sert d’exemples tirés de la mythologie pour mettre en scène son éloquence, mais aussi pour faire des parallèles avec tout ce qui est avancé dans les échanges avec les sages. Ce sera donc la légende de Hyacinthe pour parler des amours entre hommes, de Phaéton pour le danger de s’imaginer égal aux dieux…
Si la lecture est globalement très agréable, car très accessible dans ce qu’elle débat, dans les idées qui sont présentées, on en viendrait presque à oublier au fur et à mesure l’incendie lui-même pour se laisser gagner par la compagnie de cette société de lettrés. Parce que ça va un peu dans tous les sens, de nombreux sujets sont avancés, c’est vraiment très intéressant dans l’ensemble, d’autant que Veyron recentre régulièrement son propos sur Erostrate, sur sa beauté apollinienne, sur le charme qui lui permet de séduire toutes celles qui le croisent du regard, même la célèbre courtisane Phryné, réputée pour être la plus belle femme de l’époque.
Il faut tout de même se concentrer, car les thèmes philosophiques sont nombreux et si Veyron invite les figures marquantes de la pensée grecque, c’est pour les confronter les unes aux autres, surtout.
Néanmoins, l’album peut très bien s’apprécier sans ce bagage culturel, avec juste le plaisir de se perdre dans des dialogues savoureux.
Une belle surprise, très conseillée.
Par FredGri, le 12 décembre 2024