Etre là

 
Depuis 1961, date de sa création, l’organisation Amnesty International œuvre aux quatre coins de la planète auprès de populations victimes dans leur pays du non-respect des droits fondamentaux. Amnesty International sonne comme "pays pauvres" : on imagine bien ce genre d’O.N.G. travailler au fin fond de l’Afrique, dans des recoins perdus de l’Asie ou sur des zones de conflit. Mais des pays riches, et la France notamment, peuvent également être épinglés, par exemple pour leur gestion des conditions de détention, des conditions d’accueil d’immigrants ou des conditions de vie des gens du voyage… Autant d’épines dans le pied qui montrent que partout dans le monde, et y compris chez nous, il y a toujours moins bien loti que soi, il y a toujours des gens dont les droits sont bafoués.

Christophe Dabitch a parcouru pour ce projet de nombreux pays dans lesquels il a côtoyé des membres d’Amnesty International et rencontré des petites gens qu’il a interviwées. Il en a rapporté les reportages qui composent cette bande dessinée Etre là.
 

Par sylvestre, le 31 mars 2015

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Notre avis sur Etre là

 
Il y a comme un air de jeu de mots, dans le titre de cette bande dessinée. Etre là peut en effet être associé à Amnesty International, cette organisation bien connue qui se fait forte de se tenir auprès des populations qui ont besoin de son soutien. Mais ce titre, Etre là, avec une flèche faisant lien entre les deux mots, peut également interpeller en disant : "Attention, là, il y a des êtres humains".

Et c’est justement auprès de gens qu’on ne voit d’habitude pas que le scénariste Christophe Dabitch nous conduit. Des gens qu’on ne voit pas parce qu’ils vivent dans des pays si lointains que leurs problèmes n’y sont pas les nôtres (des Argentins se battant pour la reconnaissance de proches disparus assassinés par un régime politique, des Africains que des compagnies européennes peu scrupuleuses viennent polluer chez eux, des Cambodgiennes qu’on a voulu expulser de leur quartier…). Ou des gens qu’on ne voit pas parce qu’on ne veut pas les voir même s’ils habitent près de chez nous : des personnes sur lesquelles notre regard glisse… Des personnes dont les problèmes ne nous regardent pas.

Attention, Etre là n’est pas non plus une BD sur Amnesty International. Ce n’est pas une BD qui raconte l’histoire, les coulisses ou les succès d’Amnesty International. Non… Et ce sont plutôt, en définitive, les Droits de l’Homme et du Citoyen qui sont au cœur du sujet ; des sujets. Plusieurs pays sont pris comme exemples, pour rapporter autant de situations différentes. Il y a l’Angleterre, l’Allemagne, l’Argentine, le Burkina Faso, le Cambodge, la Côte d’Ivoire, la France, la Grèce, la république russe d’Ingouchie, le Japon, le Liban ou encore la Syrie.

Et chacun de ces pays fait l’objet d’un intéressant (et accablant) reportage. A quoi se rajoutent un exposé sur le rôle qu’a joué Amnesty International dans la rédaction d’un rapport sur le commerce des armes et une fiction sur le totalitarisme numérique. Tous ces reportages sont traités en BD, sauf le sujet sur les couloirs de la mort au Japon qui est un texte illustré.

Christophe Dabitch scénariste a fait appel à 14 dessinateurs pour mener à bien ce projet. Trois des dessinateurs seulement se sont rendus sur les lieux dont il est question dans la BD qu’ils ont mise en images. Les autres ont travaillé à partir du "matériel" rapporté par Christophe Dabitch de ses voyages : des témoignages, des documents, des photos…

En plus des intérêts culturel et militant de cet ouvrage, le fait que cette bande dessinée ait été réalisée par un collectif d’artiste offre aux lecteurs des visions et des arts différents. Ce qui fait d’Etre là une BD riche en styles, en ambiances et en couleurs… Tout comme l’est notre planète…
 

Par Sylvestre, le 31 mars 2015

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