Exauce-nous

Dans son quartier, tout le monde connaît Léonard. Pour tous, c’est le ravi, le simple d’esprit, celui qui demande invariablement si on n’a pas vu « celle qu’il cherche » et dont on se moque gentiment.

Frank, un jeune scénariste de métier (quoique… un métier, c’est quand ça paye…) connaît bien lui aussi Léonard. Et il a remarqué qu’à plusieurs reprises, des gens dans une situation difficile avaient sorti la tête de l’eau après avoir échangé quelques mots avec lui. Frank s’est donc pris à imaginer que Léonard, tout benêt qu’il était, avait peut-être un don pour porter chance. A moins que ça ne fut qu’un fantasme de scénariste en mal d’inspiration…

Mais les coïncidences étaient trop nombreuses, et Frank a décidé de tester sa théorie en se rapprochant de Léonard et en essayant de mieux comprendre qui était ce simple d’esprit dont personne ne savait finalement trop rien.
 

Par sylvestre, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur Exauce-nous

Exauce-nous est une superbe histoire qui nous invite dans un quartier du Mans que les auteurs Pierre Makyo et Frédéric Bihel ont animé pour l’occasion autour d’un personnage mystérieux : Léonard, un simple d’esprit sans avenir (au vu de son emploi de balayeur) mais aussi sans passé.

Avec des petits airs d’un film comme Chacun cherche son chat ou d’Amélie Poulain puisqu’elle nous présente de nombreuses personnes habitant un même quartier et rassemblées autour d’une même énigme, la bande dessinée joue justement sur cette multitude pour multiplier les pistes et laisser les lecteurs dans un certain doute : à quel personnage doit-on accorder le plus d’importance ? A quelle histoire dans l’histoire doit-on accorder le plus d’intérêt ? Quelques pistes sont suggérées, comme cette affiche dont le texte donne (aussi) son nom à la BD, mais qui vite montreront qu’elles ne sont pas les uniques pistes à suivre pour comprendre là où veulent nous attirer les auteurs.

Puis le voile se lève, petit à petit, sur l’orientation donnée au récit. Avec Frank qui suit son idée (et prend alors pour ainsi dire le rôle de personnage principal), on avance dans l’histoire en se posant les mêmes questions que lui. Et on se prend au jeu, n’obtenant pas réellement de réponse sur si sa théorie est juste ou non, mais en étant forcés d’observer qu’effectivement… « ça se passe » !

Exauce-nous, c’est aussi des belles leçons d’amitié, voire d’amitié inter-générations, un moyen pour des auteurs de BD de mettre en scène un scénariste vivant entre la dure réalité d’artiste et le merveilleux qu’apportent à sa vie son inspiration et ses projets. C’est enfin la question posée du regard qu’on porte sur celui qu’on considère à première vue comme inférieur à soi. Léonard…

Frédéric Bihel montre un grand talent et, par son trait et ses couleurs, l’histoire de Pierre Makyo gagne sur tous les plans. Il faut dire qu’il n’en est pas à son coup d’essai : la bibliographie de l’artiste aligne en effet déjà pas mal de titres. Exauce-nous est donc, en plus d’être une bellissime histoire à l’échelle humaine, un moyen pour qui ne connaissait pas son travail de découvrir un dessinateur et de s’intéresser à tout ce qu’il a pu faire d’autre (de parfois bien différent, cependant).

Exauce-nous est à découvrir absolument. Aux éditions Futuropolis.
 

Par Sylvestre, le 14 septembre 2008

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